COREE 1950 – 1953

La genèse de la guerre de Corée

Le royaume montagneux « du matin calme », à la culture séculaire originale et réfractaire aux influences étrangères, qui n’a jamais manifesté un désir hégémonique, connaît, dès 1816, un processus forcé d’ouverture au monde similaire à ses voisins la Chine et le Japon. Plusieurs grandes puissance, dont les Etats-Unis, la grande Bretagne, la Russie et la France la contraignent alors d’accepter des relations commerciales et diplomatiques avec elles.

Ce peuple, fier de son indépendance, qui vit en autarcie, se satisfait de sa souveraineté interne et tente alors de résister aux intrusions économiques pour éviter négociants, idées nouvelles et perturbatrices, missionnaires, consuls, exemptions juridiques, soldats, forfaits divers et raids punitifs.

Faute de moyens, les grandes puissances occidentales ne colonisent pas méthodiquement la Corée mais surveillent l’irrésistible montée en puissance du Japon dont les appétits territoriaux croissent en proportion des progrès industriels et militaires,et qui cherche à rompre le lien de suzeraineté qui existe entre la Chine et la Corée par la conclusion, en 1876, d’un traité commercial imposé par une démonstration navale agressive. En 1895, l’empire du soleil levant obtient la complète émancipation de la Corée par rapport à la Chine impériale.

Les souverains coréens successifs tentent de se raa reine MIN tente alors de se rapprocher des Russes. La Corée devient de fait un protectorat de la Russie, sans grande conséquence, le tsar étant davantage intéressé par la Mandchourie. En revanche, le Japon déploie une grande action diplomatique, qui lui permet d’achever la conquête de la Corée (protectorat puis colonisation officielle en 1910) où elle fera régner sa loi jusqu’en 1945.

Jusqu’à aujourd’hui, il n’a jamais existé de COREE unifiée, indépendante et totalement souveraine dans ses choix, capable de se défendre sans l’aide d’aucun protecteur.

Cette annexion par une grande puissance industrielle voit la modernisation forcée et rapide d’une économie rurale sous-développée, une acculturation, une dépossession des richesses locales (déboisement – terres arables) et la paupérisation des campagnes, en même temps que l’implantation à grande échelle d’entreprises chimiques, sidérurgiques et mécaniques performantes. L’exode rural s’accompagne d’une urbanisation massive.

L’invasion de la Mandchourie, le 19 septembre 1931, qui constitue le début de la Seconde Guerre mondiale en Asie transforme la Corée en plaque tournante de l’armée japonaise, en entrepôt et en arsenal. La population est opprimée (service du travail obligatoire, pénurie alimentaire, prosititution imposée à travers les « compagnes de réconfort » mises à la disposition des soldats japonais).

La sortie de la guerre et la division immédiate du pays

En 1945, il paraît difficile de désigner des élites légitimes pour créer un véritable État indépendant. Le gouvernement autoproclamé en exil, formé à Shanghaï, n’a pas l’audience internationale requise. Néanmoins, il sera propulsé à la tête de la Corée le 20 octobre 1945.

Les États-Unis se préoccupent peu de l’avenir de la Corée. Aucun programme d’après-guerre n’existe. Roosevelt accepte la proposition de Staline de partager « provisoirement » la péninsule en deux zones d’occupation.

L’Union soviétique déclare la guerre au Japon le 9 août 1945 et, dès le lendemain, pénètre en territoire coréen au nord du 38ème parallèle. L’armée japonaise est faite prisonnière et déportée en Sibérie. Le Kremlin planifie la soviétisation forcée de la zone nord et confie cette partie au communiste Kim Il-Sung le 14 octobre 1945. Le Japon capitule le 2 septembre ; les forces américaines débarquent à Pusan le 9 septembre.

L’administration Truman veut faire désigner un gouvernement démocratique, par les urnes, à l’échelle de toute la Corée. Cela s’avère rapidement impossible. La frontière se révèle étanche. Le communisme progresse.

Les négociations à propos de la réunification et des élections achoppent vite sur une fin de non-recevoir. Le sort de la Corée se trouve lié à l’état des relations est-ouest. Le président Truman crée un contexte d’endiguement (« containment »). L’assemblée générale des nations-unies décrète l’organisation d’élections, en Corée, du sud seulement, pour mai 1948. Le 15 août 1948, le président Syngman Rhee proclame la première république de Corée.

Le nouveau régime nationaliste affronte des défis sociaux, politiques et économiques (privatisation de l’industrie – accueil de deux millions de Coréens du nord et de la diaspora – nécessité d’étoffer le corps des élites coréennes – intolérance des coréens vis à vis de l’aide financière et fonctionnelle étrangère dans leurs affaires).

A la politique du président coréen, le président Truman reproche une mauvaise gestion financière et le faible respect des Droits de l’Homme. Au début du conflit, les relations entre la Corée du sud et les États-Unis se dégradent de façon alarmante.

La Corée du sud souffre d’une hyperinflation contre laquelle le gouvernement n’agit pas. L’évolution du régime vers la dictature est critiquée par les dirigeants américains. La Corée du sud affronte la guérilla communiste qui s’infiltre dans la chaîne montagneuse en venant de la mer et dévaste nombre de villages. Afin d’éviter un affrontement direct avec les Soviétiques et d’engager un conflit général en Asie, dès 1947, Truman exclut d’aider Syngman Rhee à créer une puissante armée sud-coréen. Staline, quant à lui, entretient plusieurs milliers d’instructeurs en Corée du nord, pour édifier un corps de bataille performant, livraisons militaires à l’appui.

L’administration Truman juge négligeable le risque d’invasion nord-coréenne et de guerre frontale. De plus, les Américains déclarent publiquement que le périmètre défensif des États-Unis en Extrême-Orient exclut la Corée !

Kim Il-Sung fait erreur en analysant la situation de façon simpliste, mécanique et déterministe. Il parie à tort sur des mutineries et le refus des forces armées sudistes d’entrer dans la guerre civile, se contentant d’une information superficielle. Il croit que le régime de Corée du sud a perdu confiance en lui-même. Il analyse le camp adverse à travers le prisme de son idéologie. Cette perception rudimentaire des réalités l’a conduit à une impasse sanglante d’un conflit de trois ans. En revanche, il a eu raison quant à l’impact initial et les chances d’un « blitzkrieg » reposant sur le char T-34 et sur la doctrine du choc opératif (Prise de Séoul en quatre jours) mais sans neutraliser la totalité du dispositif ennemi.

Kim Il-Sung a induit en erreur les partis frères, soviétiques et chinois, en affirmant que « les États-Unis n’interviendraient pas dans une guerre civile coréenne ».

En fait, la Corée du sud ne comportait pas plus d’intérêt pour le camp communiste que pour Truman et cette guerre morale et idéologique, qui opposait l’Est et l’Ouest, ne présentait aucun caractère inéluctable.

Le rapport de forces

L’armée de la Corée du Nord est beaucoup plus puissante que celle de son voisin, par la qualité des cadres (la plupart des vétérans ont combattu avec Mao Zedong contre les Japonais puis contre les nationalistes chinois de Tchang Kai Shek) et de sa troupe.

Elle aligne 10 divisions d’infanterie, des unités d’appui et de soutien, plus un régiment d’artillerie, un bataillon antichar, ainsi qu’un bataillon de mitrailleuses, 150 chars T 34/85 auxquels les Sud-Coréens n’ont rien à opposer, sans oublier les forces maritimes, composés de bâtiments de patrouille et de surveillance et les forces aériennes. Les Nord-Coréens reçoivent des centaines de tonnes de matériel en provenance de l’URSS qui entretient 5000 conseillers chargés de la formation, de l’instruction et de l’entraînement des divisions.

L’armée de la Corée du Sud est très faible. Cette faiblesse réside principalement dans le manque d’effectifs et dans l’état d’impréparation de son armée de terre. Cette armée de 95000 hommes, mise sur pied et équipée par les États-Unis en 1948-49, n’est en fait qu’un outil de maintien de l’ordre à l’intérieur du pays et ne dispose ni des capacités ni des moyens de s’opposer à une invasion nord-coréenne. Cette privation de toute capacité offensive tient aux Américains qui redoutaient une action belliqueuse du président Syngman Rhee en direction de…son voisin.

Depuis fin juin 1949, le contingent américain de 40 000 hommes a été retiré sur décision du Conseil national de sécurité des États-Unis au motif que la Corée du sud (comme Formose) n’entrait pas dans la ligne de défense américaine d’une guerre contre l’Union soviétique, contrairement au JAapon ou aux Philippines.

 

 

(Sources :Le bataillon français de l’ONU en Corée :Le combat méconnu des volontaires français – 1950 1953. Sous la direction du capitaine Yvan Cadeau – Service historique de la Défense, Edition du Coteau-Novembre 2010 -222 pages)

Chronologie des événements

2 septembre 1945 : Signature de l’acte de reddition japonais à bord du cuirassé USS Missouri en rade de Tokyo.

8 septembre 1945 : Débarquement américain à Pusan.

20 mars 1946 : Réunion américano-soviétique à Séoul sur le problème coréen.

12 mars 1947 : Doctrine Truman d’ »endiguement » du communisme.

14 novembre 1947 : Création d’une « Commission temporaire des Nations-unis sur la Corée » par l’Organisation des Nations-unies (ONU) dans le but d’organiser des élections dans les deux zones d’occupation.

10 mai 1948 : Syngman Rhee est élu à la présidence de la République de Corée du Sud.

15 août 1948 : La République de Corée (sud) est proclamée à Séoul.

3 septembre 1948 : Proclamation de la République démocratique et populaire de Corée (nord) à Pyongyang. Kim Il-sung devient président.

18 septembre 1948 : L’Union soviétique annonce le retrait de ses troupes au nord du 38ème parallèle avant le 31 décembre.

12 octobre 1948 : Reconnaissance de la République démocratique et populaire de Corée (nord).

1er octobre 1949 : La République populaire de Chine est proclamée à Pékin.

12 janvier 1950 : Le secrétaire d’État Dean Acheson déclare que la Corée ne fait pas partie intégrante du périmètre de défense américain dans le Pacifique.

La Guerre de Corée (1950-1953)

1950

25 juin : L’armée nord-coréenne franchit le 38ème parallèle et envahit la Corée du Sud.

26 juin : Le Conseil de Sécurité des Nations-Unies demande un cessez-le-feu et demande le retrait des troupes nord-coréennes.

27 juin : Adoption au Conseil de Sécurité de la résolution américaine qui enregistre le refus de la Corée du Nord de respecter la résolution du 25 juin. Elle demande également aux membres de l’ONU de soutenir la Corée du Sud. Le président américain Harry Truman ordonne aux forces navales et aériennes américaines d’Extrême-Orient de soutenir la Corée du Sud et à la VIIème Flotte de se diriger vers le détroit de Formose.

28 juin : Prise de Séoul par les Nord-Coréens.

30 juin : Le président Truman décide l’engagement en Corée des forces terrestres américaines.

3 juillet : Prise de Inchon par les forces nord-coréennes.

7 juillet : Adoption d’une résolution par le Conseil de sécurité de l’ONU, créant une force d’intervention des Nations-Unies en Corée. Le général Douglas MacArthur en prend le commandement.

12 juillet : Le général Walton Walker prend le commandement de la VIIIème armée américaine et des forces de l’ONU en Corée.

18 juillet : Prise de Taejon par les forces communistes.

4 août : Les Nord-Coréens investissent le périmètre de Pusan.

10 août : Warren Austin, délégué américain à l’ONU affirme que le but des Nations-Unies est la réunification de la Corée.

24 août : Création d’un bataillon de volontaires français pour la Corée décidée par le président du Conseil Jules Moch.

15 septembre : Débarquement des forces des Nations-Unies à Inchon.

15 septembre : Ouverture de l’antenne de recrutement pour le bataillon de volontaires français.

28 septembre : Les forces de l’ONU reprennent Séoul.

1er octobre : Traversée du 38ème parallèle par les troupes sud-coréennes.

2 octobre : Le dirigeant chinois Zhou Enlai menace d’une intervention chinoise en cas d’entrée des troupes américaines en Corée du Nord.

7 octobre : L’ONU autorise les forces des Nations-unies à poursuivre les Nord-Coréens au-delà du 38ème parallèle.

16 octobre : Arrivée des premiers soldats chinois en Corée.

19 octobre : Prise de Pyongyang, capitale de la Corée du Nord, par les troupes onusiennes.

25 octobre : Embarquement du bataillon français à Marseille.

26 octobre : Combats entre troupes chinoises et sud-coréennes près de Yalu et au sud de la frontière sino-coréenne.

1er novembre : Les premiers MIG attaquent des avions américains au-dessus de Yalu.

2 novembre : Attaque simultanée des troupes chinoises et nord-coréennes contre les forces des Nations-unies, sur les fronts est et ouest.

26 novembre : Offensive générale des forces communistes commandées par Lin Pao.

29 novembre : Le bataillon français débarque à Pusan.

4 décembre : Reprise de Pyongyang par les forces communistes.

4-9 décembre : Entraînement intensif des volontaires français au camp Walker, près de Taegu.

15 décembre : Affectation du BF/ONU au 23ème régiment d’infanterie dépendant de la 2ème division d’infanterie US.

23 décembre : Le général Walker se tue dans un accident de jeep.

26 décembre : Le commandement de la VIIIème armée et des forces de l’ONU est confié au général Matthew Rigdway.

1951

1er janvier : Nouvelle offensive générale des troupes communistes.

4 janvier : Reprise de Séoul par les communistes.

5 janvier : Stationnement du bataillon à Wonju.

7-15 janvier : Ligne défensive sur l’axe Pyontaek-Wonju.

10 janvier : Mort du premier volontaire français, le soldat de 2ème classe René Betti.

11 janvier : Les premières silver stars américaines sont décernées aux lieutenants Laniel et Lebeurier.

15 janvier : Les forces des Nations-unies arrêtent l’offensive communiste.

21 janvier : Contre-offensive menée par le général Ridgway.

31 janvier : Le bataillon des volontaires belges et le détachement luxembourgeois débarquent à Pusan.

1er février : Les Chinois sont désignés comme agresseurs par les Nations-unies.

1er-2 février : Bataille de Twin Tunnels. Le bataillon français et le 3ème bataillon du 23ème régiment d’infanterie US résistent aux assauts de la 125ème division chinoise.

3-16 février : Bataille de Chypyong où le bataillon français lutte contre l’offensive chinoise, permettant la relance de la VIIIème armée en direction du 38ème parallèle. Ce fait d’armes vaut au bataillon français sa première citation à l’ordre de l’armée française et sa deuxième citation présidentielle américaine.

3-5 mars : Prise de la côte 1037 par les Français. Plus de 30 volontaires français sont tués et 200 sont blessés.

14 mars : Reprise de Séoul par les forces des Nations-Unies.

1er mars 1951 : Le général Ridgway remet au bataillon français sa première citation américaine pour son action lors des combats à Twin-Tunnels.

31 mars : Des éléments des forces des Nations-Unies franchissent le 38ème parallèle.

6 avril : Franchissement du 38ème parallèle par le bataillon français.

8 avril : Arrivée du BF/ONU aux réservoirs de Hwachon.

11 avril : Le général MacArthur est relevé de son commandement par le président Truman. Il est remplacé par le général Ridgway.

23 avril : Les troupes communistes lancent une nouvelle contre-offensive.

16-23 mai : Bataille de Putchaetul. Le 17 mai, la section « pionniers » du BF/ONU est anéantie. Le bataillon se voit attribuer sa deuxième citation à l’ordre de l’armée française. Le BF/ONU passe ensuite à la contre-attaque franchissant une nouvelle fois le 38ème parallèle et entrant dans la ville de Inje. Ces actions successives lui permettent d’obtenir sa troisième citation à l’ordre de l’armée française et une citation présidentielle américaine.

21 mai : Les forces communistes sont repoussées au nord du 38ème parallèle.

20 juin : Intégration de soldats sud-coréens aux 1ère et 3è compagnies du BF/ONU.

30 juin : Le général Ridgway fait savoir qu’il est prêt à discuter des conditions d’un cessez-le-feu.

10 juillet : Amorce des pourparlers à Kaesong entre la délégation de l’ONU et les communistes.

15 juillet-fin août : Bataille du Bol. Le secteur du Bol sera conquis par l’attaque du 10è corps.

10 août : Reprise des négociations qui avaient été interrompues après la présence de troupes dans la zone neutre.

8 septembre : Signature d’un traité de paix entre le Japon et 51 États à San-Francisco. Établissement d’un traité de sécurité entre le Japon et les États-Unis.

13 septembre : Le commandant de Beaufond remplace le commandant le Mire, qui rejoint l’état-major des forces terrestres françaises de l’ONU.

13 sept-12 oct : Bataille de Crèvecoeur. Les forces américaines s’emparent de plusieurs positions à l’aide de lance-flammes. Le 12, le piton de Crèvecoeur tombe aux mains de la 2ème compagnie du bataillon français. Ce dernier a perdu 47 hommes (42 français et 5 Sud-Coréens).

25 octobre : Reprise de la conférence d’armistice, qui s’installe à Pan-Mun-Jom.

12 novembre : Les troupes des nations-unies sont placées en défense active sur la ligne de front. La guerre de position débute.

26 novembre : L’accord se fait sur l’emplacement de la ligne de front et un « petit armistice » entre en vigueur.

1er décembre : Le lieutenant-colonel Borreil remplace le commandant de Beaufond à la tête du bataillon français de l’ONU.

6 décembre : Départ du général Monclar de Corée.

1952

Janvier-28 avril : Combats du « Triangle de Fer » (kumhwa-Chorwon-pyongyang). Le bataillon français tient position dans le secteur de Kumhwa.

7 mai : Le général Mark Clark succède au général Ridgway. Ce dernier étant nommé commandant suprême des forces alliées en Europe.

Juin  : Tournage d’un film consacré au bataillon français et notamment à son action lors de l’attaque de la côte 851.

5-12 octobre : Bataille de Arrowhead. Du 6 au 8 octobre, le BF/ONU empêche l’attaque chinoise vers Séoul. Sa quatrième citation française lui est alors attribuée.

4 novembre : Le général Eisenhower est élu président des États-Unis.

2 décembre : Le colonel Borreil est remplacé par le lieutenant-colonel de Germiny à la tête du bataillon français.

2 décembre : Visite de 3 jours de Eisenhower en Corée.

1953

Janvier-5 avril : Le bataillon français est stationné à Song-Kok.

11 février : Le général Maxwell Taylor remplace le général Clark au commandement des forces des nations-unies en Corée.

22 février : Visite du maréchal Juin aux volontaires français.

5 mars : Mort de Joseph Staline, remplacé par Gheorghi Malenkov.

20 avril : Début de l’échange de prisonniers de guerre.

26 avril : Reprise des pourparlers de paix à Pan-Mun-Jon.

8 juin : Conclusion d’un accord concernant les prisonniers.

9 juin : Rejet des conditions d’armistice par l’assemblée nationale de la Corée du Sud.

14 juin : Grande offensive communiste.

13 juillet : Les troupes communistes relancent une nouvelle offensive.

27 juillet : Signature de l’accord de cessez-le-feu à Pan-Mun-Jon.

30 juillet : Les derniers éléments du BF/ONU passent la ligne de démarcation.

5 août : Nouvel échange de prisonniers. L’ « Opération grand Échange » débute à Pan-Mun-Jon.

1er octobre : Les États-Unis et la Corée du Sud signent un traité de défense mutuelle à Washington.

22 octobre : Le BF/ONU embarque vers l’Indochine ; Un détachement commandé par le lieutenant Caldairou demeure symboliquement en Corée.

1954

25 janvier : Conférence de Genève sur la question coréenne.

7 mai : Chute de Diên Biên Phu.

15 juin : Échec de la conférence sur la Corée.

21 juillet : Accords de Genève sur l’Indochine.

Engagement militaire de la France en Corée

A l’instar de leurs homologues occidentaux, les dirigeants français sont totalement surpris par le déclenchement de la guerre de Corée. Très rapidement, le gouvernement (sous la présidence de Vincent Auriol, 1er président de la IVe république) se déclare pour le respect du droit international et pour adopter une attitude de fermeté à l’encontre de l’agresseur nord-coréen.

Le 19 juillet 1950, le Conseil des ministres souhaite apporter son aide militaire à la coalition internationale, qui se constitue sous l’égide de l’ONU, sachant que les moyens de l’armée française s’avèrent très limités (budget grevé par la reconstruction du pays, guerre d’Indochine depuis le 19 décembre 1946, défense de la France en Europe et des territoires d’Afrique du nord).

L’aviso-colonial « La Grandière »

Décision est prise d’envoyer un navire de guerre, l’aviso-colonial « La Grandière » (140 marins), basé à Saïgon, chargé de missions de surveillance maritime et d’appui feu aux troupes à terre, en Indochine.

Ce bâtiment est intégré au sein de la force navale de l’US Navy et du Commonwealth (Australie, Canada, Nouvelle-Zélande). Il assure des missions d’escorte de convois, de déminage, de ravitaillement, d’appui aux troupes à terre et de débarquements (notamment à Inchon et à Wonsan), de formation d’un écran de protection externe (blocage de mouvements ennemi entre les îles et le continent, sauvetage des équipages des avions abattus, destruction de mines, surveillance des chenaux dragués).

La marine nord-coréenne ayant préalablement été anéantie, « La Grandière » n’a jamais été l’objet de l’attaque d’un bâtiment ennemi. Mis à la disposition du commandement des forces des Nations-Unies, il le restera jusqu’au 25 novembre 1950 avant de reprendre ses missions à Saïgon, puis en servant de navire-école.

Le départ du seul bâtiment de guerre français du pool allié signifie la fin de la présence de la marine de guerre française dans la guerre de Corée. Le bataillon français de l’ONU est désormais la seule unité à représenter la France au sein de la coalition internationale combattante dans cette guerre.

La création du bataillon français de l’ONU

La France, membre du Conseil de sécurité, participe au conflit de façon très limitée, tandis que les Américains déplorent l’absence d’autres nations à leur côté. Dans une relative indifférence de la population française, le Président du Conseil, soucieux de permettre à la France de retrouver sa place de grande puissance et sa crédibilité et informé de l’envoi de troupes par les Britanniques, les Turcs et les Australiens, décide alors la création d’un bataillon destiné à aller combattre en Corée mais l’armée française est confrontée à cette époque à une crise des effectifs qui touche surtout les cadres et les spécialistes.

Le 25 août 1950, le « 1er bataillon français de l’ONU » voit officiellement le jour, désignation remplacée rapidement par celle de « Bataillon français de l’ONU » mais à la date du 25 septembre 1950 les spécialistes manquent.

Le général de corps d’armée (****) Raoul Charles Magrin-Vernerey, plus connu sous le pseudonyme de Ralph Monclar (qui a accepté de redevenir lieutenant-colonel pour pouvoir jouer un rôle dans le Commandement américain) est placé à la tête d’un état-major des forces terrestres françaises de l’ONU (FTF/ONU) de 34 membres créé le 18 septembre 1950. Le commandement intérieur du bataillon est confié au chef de bataillon Le Mire, désigné par le ministre de la guerre. Cette structure « coiffant » le « Bataillon français de l’ONU » est une singularité française. Sa présence permet la rédaction d’un rapport, en 1952, sur la guerre de Corée qui tire les enseignements militaires des combats menés au cours de l’année 1951.

Priorité est donnée aux engagés volontaires, réservistes ou cadres d’active ayant déjà participé à des actions de guerre (les militaires du rang et les cadres d’active doivent avoir effectué un séjour préalable en Indochine). Les volontaires, très divers, de tous grades, reconnus aptes au combat, ayant reçu une instruction militaire de base, s’engagent pour des raisons idéologiques, professionnelles et/ou personnelles.

Afin de favoriser la cohésion (par la solidarité et la camaraderie) de la troupe, après les sélections, les hommes sont réunis par affinités et regroupés par arme.

Le bataillon (1 017 combattants dont 39 officiers et 172 sous-officiers) est organisé en cinq unités élémentaires selon le tableau des effectifs et la dotation d’un bataillon américain formant corps. Pour des raisons de ravitaillement, son armement est de type américain.

L’arrivée en Corée

Le bataillon découvre des conditions climatiques extrêmes. Les hivers coréens sont particulièrement rigoureux (jusqu’à – 35°) et les pluies diluviennes. Les officiers des FTF se familiarisent avec l’organisation et l’équipement de leur allié. Chacun reçoit l’habillement américain pour grands froids et une nourriture fortement calorique.

L’instruction accélérée des premiers contingents étrangers (Français mais aussi Néerlandais, Thaïlandais… La grande Bretagne et la Turquie envoient plusieurs milliers d’hommes, sachant que d’autres pays apportent leur soutien notamment par le détachement d’unités médicales) débute dès le 2 décembre 1950 (aguerrissement, familiarisation des hommes avec le matériel américain, détection de mines mais aussi comportement vis à vis des autochtones et connaissance théorique de l’ennemi, tactique et procédé de combats dont la fonction des signaux sonores (sifflets et clairons chinois) pratiqués avant et pendant les assauts) avant leur incorporation dans les unités américaines. 3 500 Éthiopiens arriveront en mai 1951.

Les Français sont intégrés au sein du 23e régiment, sous les ordres du colonel Freeman, sachant qu’il existait à cette date une méfiance, un mépris certain de la part de nombreux Américains à l’égard des Français qui restent, à leurs yeux, les vaincus de 1940. Il appartient aux Français de se montrer dignes de ce corps et de faire leurs preuves. Le 15 décembre, le bataillon reçoit une mission défensive (patrouilles, reconnaissances et changements de positions).

La guerre de mouvements

Wonju est un carrefour de communication au centre de la Corée du sud, dans une région montagneuse. Le 7 janvier, les Chinois ont réussi à le prendre après de durs combats. Les 8 et 9 janvier, les Américains mènent des contre-attaques qui échouent. Du 9 au 13 janvier, deux compagnies du bataillon français chargent à la baïonnette, résistent et prennent l’ascendant sur l’ennemi. La première compagnie se distingue particulièrement. Elle subit 82 pertes dont 42 imputables à un froid moyen de – 25°C et qui atteindra même – 40°C, accompagné de rafales de neige. Ce premier véritable engagement du bataillon montre aux Américains toute la solidité de l’unité.

Le furieux et sanglant combat de Chipyong-Ni va faire définitivement accepter les Français au sein de la 2e D.I., leur valeur au combat étant désormais reconnue par tous.

L’ennemi a subi de lourdes pertes. Son offensive marque un temps d’arrêt. Ses lignes de communication commencent à être sérieusement étirées. Au lieu-dit « Twin tunnels », la situation reste indécise jusqu’au soir. Le combat défensif dure onze heures et les pertes françaises s’accumulent. Pour la première fois, deux soldats sont faits prisonniers. Le soutien massif de l’aviation américaine aux fantassins contraint les chinois à refluer. Le 3 février, le bataillon français occupe Chipyong-Ni et y organise une solide position défensive rapidement attaquée par trois divisions chinoises, fortes chacune de 8 à 10 000 hommes.

Le général Ridgway, nouveau commandant de la VIIIe armée donne l’ordre de résister sur place, cette position étant jugée indispensable à la réussite de la manœuvre américaine. Il s’agit de créer un « abcès de fixation » afin d’y attirer les forces chinoises, puis de les détruire avec l’aide de l’aviation. L’attaque chinoise débute le 13 février 1951, à 22 heures. La température qui a chuté contraint les hommes à dégeler le sol avec de l’essence avant de creuser les trous de combat à l’explosif. Français et Américains résistent et, grâce à de nombreuses contre-attaques, parviennent à repousser les assaillants malgré de sévères pertes. La mission de couverture du môle de résistance et de pivot de Chipyong-Ni est réussie avec la fin de la bataille, le 16 janvier.

Cinq hélicoptères assurent l’évacuation permanente et permettent de transporter environ 300 blessés dont une vingtaine de Français vers l’hôpital de campagne de Wonju. Ensuite, ils sont dirigés vers les navires-hôpitaux ou vers les hôpitaux des Nations-Unies, à Tokyo et suivis administrativement par la « Mission française » créée en septembre 1950. Les corps des volontaires tués au combat sont rapatriés vers la métropole.

Le 2 mars, le bataillon français remonte seul en ligne, sous la neige, par une température de -30°C. Malgré les « shoepacks » américaines, les deux paires de chaussettes et la paire de bas de grosse laine montant jusqu’aux cuisses, les pieds « restaient insensibles jusqu’aux articulations des genoux ». Pas question de faire une tranchée dans ce froid polaire.

Le 5 mars, la 2e compagnie part à l’assaut de la « côte 1037 » à Twin Chang, un piton très escarpé, verglacé, bien fortifié par les chinois qui contre-attaquent. Vers 16h00, l’objectif est aux mains du bataillon épuisé, qui a encore perdu une trentaine d’hommes et plus de cent blessés. Il faut en moyenne six heures et dix porteurs, par blessé, pour l’évacuer.

Les effectifs, qui ont fondu (près de 50%), sont difficilement complétés par l’arrivée de plusieurs détachements de renfort. Le bataillon, mis en réserve, reçoit deux citations françaises, ainsi que deux citations présidentielles américaines. En avril 1951, une nouvelle campagne de recrutement est lancée en métropole.

Début avril 1951, la VIIIe armée déclenche une nouvelle offensive et progresse. Le 6, le bataillon franchit le 38e parallèle et atteint Hwachon. L’adversaire prépare la violente attaque générale du 22 au 23 avril avec la moitié des 700 000 Chinois et Nord-Coréens stationnés en Corée, avant de déclencher la « seconde offensive de printemps » le 16 mai, avec une vingtaine de divisions chinoises, créant la confusion dans le dispositif américain. Le 23e R.I. se trouve alors isolé, attaqué et débordé. Le commandement des Nations-Unies apprécie la situation et ses évolutions avec justesse, positionne son artillerie, achemine les approvisionnements nécessaires et bombarde au napalm les positions ennemies démembrées. L’offensive chinoise est brisée. La contre-offensive alliée est déclenchée aussitôt, dans un rythme rapide, avec le soutien des hélicoptères. Le bataillon français s’illustre à Inje (Soyang Gang), près de la côte est où il enraye une attaque des Nord-Coréens.

Le 10 juillet 1951, sur proposition du délégué soviétique aux Nations-Unies, les Chinois et les Nord-Coréens acceptent d’entamer des pourparlers. Des négociations s’ouvrent à Kaesong et mettent fin à la première phase de la guerre de Corée: celle de la guerre de mouvements. Le front se stabilise. Les combattants s’enterrent et fortifient leurs positions. La guerre de position commence, semblable aux combats de la Grande Guerre. Le bataillon français, complète ses effectifs (il accuse un déficit de 23% de son potentiel) et est repris en main, en août 1951, car il connaît alors une grave crise de moral (due aux pertes, à l’épuisement, au climat, à la nourriture et aux promesses non tenues), après six mois de combats et d’opérations ininterrompus.

Le 5 juillet 1951, il est prescrit de mettre sur pied un détachement de 250 montagnards berbères volontaires, ceci sans résultat. C’est une compagnie marocaine de 211 fusiliers-voltigeurs qui est choisie mais finalement seuls les Nord-Africains intégrés au sein du bataillon français y seront à titre individuel.

Le 2 octobre 1951, décision est prise de ramener la durée du séjour en Corée à un an et de faire appel aux volontaires d’active puis, faute de candidatures suffisantes, le 15 octobre 1951, le Secrétaire d’État à la guerre décide d’avoirs recours à « des désignations d’office de personnels français se trouvant actuellement en instance de départ pour l’Indochine ».

Le ralentissement des opérations, à l’été 1951, permet aux volontaires de bénéficier de leurs premiers jours de véritables permissions depuis leur débarquement en novembre 1950. En juin 1951, le fameux « Rest and rehabilitation » (repos et rétablissement) vise à leur procurer, pendant cinq jours, un dépaysement complet au Japon et des moments de détente totale avant la reprise du combat.

La guerre de position: «Crève-Cœur »

En juillet 1951, le BF/ONU cantonne dans la région d’Inje où il se repose tout en poursuivant l’instruction, les patrouilles et la consolidation des défenses. Ensuite, le bataillon fait mouvement dans la région du « triangle de fer » (richesse minière) comprise entre Kumwha – Chorwhon et Pyonggang et prend position au sud d’un massif de montagnes surnommé « Le bol » (« Punchbowl »).

L’offensive est relancée pour rectifier la ligne de front (blockhaus, barbelés). Les volontaires français, avec le renfort de 70 Sud-Coréens de la compagnie ROK (Republic of Korea), après de durs combats, prennent d’assaut le piton 931, connu sous le nom de « Crève-Cœur » (« Heartbreak ridge »). Les pertes sont effroyables pour les bataillons américains. Le bataillon français, engagé du 26 septembre au 21 octobre perd 60 hommes et près de 260 blessés. « Crève-Cœur », nettoyé à vif par les bombardements au napalm et les obus d’artillerie, a été le combat le plus long et celui qui a laissé le plus profond souvenir.

Selon les Sud-Coréens, la manière de combattre des français qui « ne reculaient jamais » différait de celle des troupes américaines qui n’hésitaient pas à reculer et à faire appel aux appuis (artillerie, aviation).

Après cette bataille, le BF/ONU est mis au repos et le contingent initial (de 1 050 hommes réduit à 478, soit 155 morts, 10 prisonniers et 407 blessés), prépare son rapatriement le 2 janvier 1952. Trente six souscrivent un rengagement pour un an. 620 hommes sont acheminés sur la Corée entre janvier et septembre 1951 pour constituer le « nouveau » bataillon. En décembre 1952, un troisième contingent de 400 hommes viendra combler les pertes du BF/ONU.

Au cours de l’année 1951, 1 318 récompenses (légion d’honneur, médaille militaire, croix de guerre) seront décernées aux combattants du premier bataillon et 759 seront cités. En outre, ils recevront 125 décorations extérieures. Le Bataillon reçoit la fourragère des théâtres d’opérations extérieures en plus des 3 citations décernées par l’armée américaine.

En 1952, la guerre s’est définitivement fixée sur la ligne de front. Le BF/ONU se livre à de nombreux coups de main, patrouilles de reconnaissance et embuscades dans le « Triangle de fer », avec le soutien de l’artillerie américaine. Le moral du BF/ONU est bon et 73 soldats demandent leur prolongation de séjour. A la mi-avril, le bataillon est relevé de la ligne principale de résistance et passe trois mois d’entraînement et de repos au camp de Chucktun, au nord de Kapyong. Le 17 juillet 1952, la guerre de position (ou « guerre des pitons ») reprend avec une activité ennemie plus forte. Mi-août 1952, le bataillon est de nouveau relevé. Lorsqu’il rejoint ses nouvelles positions, il subit une des plus violentes attaques de son histoire, dans laquelle sa résistance va s’avérer déterminante.

A partir du 3 octobre 1952, le BF/ONU prend la responsabilité d’un secteur clé : les collines d’Arrowhead et de Whitehorse qui constituent deux centres de résistance commandant la vallée de Chorwon « route traditionnelle d’invasion vers Séoul ».

Le 6 octobre 1952, quatre compagnies ennemies donnent l’assaut sur la côte 281 (« Arrowhead hill » ou « côte 281 ») suivies par quatre autres compagnies à la fin de la nuit. Les combats sont extrêmement violents. Les volontaires, renforcés par des soldats américains et appuyés par des blindés, parviennent à briser l’attaque chinoise. 600 cadavres ont été trouvés sur les positions françaises. 47 volontaires ont été tués.

Le cessez-le-feu

Après Arrowhead, le bataillon meurtri passe en réserve pour trois mois à Kapyong, remplacé par le 3e contingent fin janvier 1953, au nord de Séoul, par -24°C. Les volontaires améliorent la fortification de campagne, renforcent la solidité de leurs abris et exercent une activité incessante de patrouilles et d’embuscades. Entre janvier et mars, le bataillon enregistre la perte de 15 tués.

Le 20 juin 1953, le bataillon fait une dernière fois mouvement vers la ligne de front au nord de Chunggasan. Les coups de main sont destinés à ramener des prisonniers, tandis que les tireurs d’élite chinois harcèlent les fantassins français. Ces méthodes sont employées des deux côtés.

Le cessez-le-feu, signé le 27 juillet 1953, à 10h00 du matin entre en application à 22h00. Les Français doivent reculer de 2 kilomètres, démanteler et récupérer le maximum de matériel. L’opération « Roll up » vise à ne rien laisser aux Chinois.

Début août, les 12 prisonniers français sont rendus, très affaiblis, au cours de l’opération « Grand échange » (« Bigswitch ») « marqués à jamais dans leur corps et dans leur esprit » « traités comme des bêtes humaines », ils « ont eu du mal à raconter ce qu’ils ont vécu ».

Au cours du conflit, 92 970 hommes issus des troupes des Nation-Unies ont été faits prisonniers, parmi lesquels une très forte majorité de Sud-Coréens (84 175). Beaucoup manqueront à l’appel lors des échanges organisés au cours où à la fin de la guerre du fait de l’insalubrité, du manque d’hygiène, de l’absence de soins, du froid intense, des séances d’endoctrinement, des coups et des tortures physiques, du travail forcé pendant douze heures d’affilée et des marches de nuit.

L’adieu à la Corée

Les semaines qui séparent le cessez-le-feu du départ du bataillon sont mises à profit pour renforcer les défenses des positions françaises, pour parfaire l’instruction de la troupe et pour organiser le mouvement sur l’Indochine où le gouvernement français a décidé (septembre 1953) d’envoyer le BF/ONU. A cette date, le bataillon compte 1 177 combattants et 191 soldats ROK. Le 25 octobre 1953, il ne reste en Corée que le petit détachement destiné à représenter les troupes françaises de l’ONU (1 officier, 28 sous-officiers, caporaux et volontaires). En août 1957, celui-ci cède la place à un groupe de liaison réduit à 5 hommes, lui-même dissout en 1963.

 

 

(Sources :Le bataillon français de l’ONU en Corée :Le combat méconnu des volontaires français – 1950 1953. Sous la direction du capitaine Yvan Cadeau – Service historique de la Défense, Edition du Coteau-Novembre 2010 -222 pages)

Les acteurs : biographie de Raoul Magrin-Vernerey dit Ralph Monclar

Raoul Magrin-Vernerey, né le 7 février 1892, est le fils d’Anna Magrin, fille de Martial Antoine Magrin et de Marie Élise Vernerey. Sa mère est institutrice en poste à Vienne et elle lui donne naissance à Budapest. Un comte hongrois veille d’abord à son éducation puis il est élevé par sa grand-mère maternelle dans le Doubs.

Après des études au lycée Victor-Hugo de Besançon et au petit séminaire d’Ornans, il a seize ans lorsqu’il se présente pour s’engager dans la Légion étrangère. En raison de son jeune âge, il n’est pas retenu. Il reprend ses études et entre à Saint-Cyr en 1912.  » A vingt ans, la Légion d’Honneur nous paraissait un mirage, quelque chose d’inaccessible. En commençant la guerre de 14, je pensais: tu n’auras pas la Légion d’Honneur, peut-être une blessure, tout au plus une citation. J’avoue que j’ai tout fait « . Ainsi parlait celui que ses camarades de la promotion Montmirail de l’École spéciale militaire de Saint-Cyr, ceux qui partirent en casoar et en gants blancs, appelaient  »le recordman des citations et des blessures ». Il quitte Coëtquidan en 1914 avec le grade de sous-lieutenant.

Il disait souvent: » Il faut, avant de partir, avoir sacrifié sa vie, tout en étant décidé à la vendre le plus cher possible. Alors tout devient possible. « 

Première Guerre mondiale

A sa sortie de Saint-Cyr, il est affecté le 5 août 1914, par décret de mobilisation à la 14e Division, la Division des As, 60e Régiment d’Infanterie, l’As de Cœur. Dès les premiers assauts, le 6 août à Altkirch, en Alsace, ses capitaines et lieutenants tués, il prend le commandement de la compagnie. Il est maintenu capitaine à titre temporaire et le 13 août, alors que son bataillon bat en retraite à Louvres près de Paris, il met son casoar et donne l’ordre de ré-attaquer. Il y reçoit sa première blessure et refuse de se laisser évacuer. En 1915, il est fait chevalier de la Légion d’honneur; il a vingt-trois ans. Seule, la Division des As avait réalisé la percée au nord-est de Reims et le généralissime avait décidé qu’un tableau représentant un officier, un sous-officier et deux hommes de troupe figurerait au musée de la Légion d’Honneur. Parmi les officiers, l’on choisit celui que tout le monde appelait l’As des As, le capitaine Magrin-Vernerey qui avait été cité trois fois pour la seule année 1917.

Il est de tous les combats du 60e RI avant d’être affecté au 260e régiment d’infanterie avec lequel il termine la guerre. Il est alors capitaine, chevalier de la Légion d’honneur et titulaire de 11 citations. Blessé sept fois, il est réformé avec une invalidité de 90%: cuisse fracturée par balle, bras droit brisé par l’explosion d’une grenade, deux blessures à la tête imposant deux trépanations, les yeux brûlés par des gaz.

Entre deux guerres

Après l’armistice du 11 novembre 1918, mis à la disposition du commandant en chef des armées alliées en Orient, il rejoint l’état-major comme chef du 1erbureau au début de 1919. Il est alors administré par le 1er régiment de tirailleurs marocains (RTM). Le 25 septembre, il est désigné pour effectuer un stage au centre d’aviation du 415e régiment d’infanterie de San Stéfano où il est formé comme observateur avion. À l’issue, il rejoint les services administratifs du Levant à Beyrouth, en qualité d’adjoint à l’administrateur. Il est nommé conseiller administratif de Caza de Sayoun, le 1er mars 1920, puis inspecteur des milices du territoire des Alaouites, le 19 octobre. À ce poste, il reçoit une citation à l’ordre de l’armée. Le 11 mai 1921, il est désigné pour encadrer la légion syrienne. Il est affecté à la 4e compagnie du 1er escadron, escadron dont il prend le commandement le 1er juillet. Il cumule cette fonction avec celle d’adjoint au chef de corps.

Le 1er mars 1924, il réalise enfin son rêve d’adolescent en intégrant les rangs de la prestigieuse légion étrangère. Après un bref séjour au 1er REI (régiment étranger d’infanterie), il est affecté au 3e REI et prend part à la campagne du Rif au Maroc jusqu’en 1927. Il rejoint alors le Proche-Orient où il est promu au grade de chef de bataillon en 1928.

Le 14 octobre 1930, il est désigné pour prendre le commandement du 16e bataillon de chasseurs à pied.

Il est une nouvelle fois affecté à la Légion en 1931 et ne quittera cette arme qu’en octobre 1941. Affecté au 2e REI, il séjourne au Maroc avant de rejoindre le 5e REI au Tonkin.

Rentrant d’Extrême-Orient, il prend en janvier 1938 le commandement du bataillon d’instruction de Saïda. Il est promu au grade de lieutenant-colonel le 25 juin de la même année avant de repartir au Maroc avec le 4e REI.

Seconde Guerre mondiale

Le 23 février 1940, il rejoint le 3e REI qui forme un groupement de bataillons de marche de type montagne. Il est désigné comme chef de corps des deux bataillons de Légion qui forment la 13e demi-brigade légère de montagne de Légion étrangère (DBLE). Regroupée d’abord au camp du Larzac puis à Sathonay, son unité se prépare à une campagne dont la destination n’est pas encore fixée. Ce sera le début de l’épopée de la prestigieuse 13e DBLE.

Le 13 mai, à Bjervik en Norvège, la 13e DBLE livre son premier combat, conquiert quatre objectifs, force l’ennemi à fuir en abandonnant de nombreux prisonniers, des armes automatiques, des équipements impossibles à dénombrer et jusqu’à dix avions bimoteurs.

Du 28 mai au 2 juin, le lieutenant-colonel Magrin-Vernerey et ses légionnaires gagnent à Narvik, ce que l’on a appelé « la seule victoire française de 1939-1940 ». Victoire qui leur vaut d’être cité à l’ordre des Forces françaises libres, avec attribution de la Croix de guerre avec palme de vermeil, pour avoir libéré 60 prisonniers alliés, fait 400 prisonniers allemands, pris 10 canons ainsi qu’une grande quantité de matériel.


À peine revenu en Bretagne, le 16 juin, avec 500 de ses hommes, il embarque dès le 19 juin à
Saint-Jacut-sur-Mer d’où, via Jersey, il rejoint le 21 juin, avec la moitié de sa demi-brigade, les Forces françaises libres en Angleterre. C’est à ce moment qu’il prend le pseudonyme de Monclar (du nom du village de Monclar-de-Quercy, dans le Tarn-et-Garonne, d’où sa famille est originaire). Il est promu au grade de colonel.

Fin août 1940, il est envoyé en Afrique avec la 13e DBLE (Dakar, Freetown puis le Cameroun). Il refuse de participer aux combats de ralliement au Gabon pour ne pas avoir à combattre des Français.

Participant aux opérations menées contre les forces de l’Axe en Afrique, c’est lui qui, à la tête de la brigade française libre d’Orient en Érythrée, prend Massaoua dans le cadre de la bataille de Keren en mars 1941, une opération qu’il a préparée et conduite. Il pénètre dans la ville avec une section d’éclaireurs motocyclistes et fait prisonniers l’amiral Bonatti, commandant des forces italiennes en Afrique orientale, 8 autres officiers généraux, 440 officiers et 14 000 hommes des forces italiennes.

A Dakar, puis lors de la campagne de Syrie, il refuse avec le capitaine de La Maze et le colonel Loriot de se battre contre des Français. Son commandement lui est enlevé et donné à son chef d’état-major, Koenig. Il devra garder durant toute la guerre le Levant, non contre les Allemands mais contre les manœuvres de nos alliés, les Anglais qui voulaient prendre notre place. En 1941, il est le premier sur la liste des condamnés à mort par le tribunal de Vichy, mais son refus de se battre en Syrie lui vaudra toutes les rancunes. Il est remplacé à la tête de la 13e DBLE par le lieutenant-colonel et prince Amilakvari.

En octobre 1941, il est nommé délégué et commandant des troupes pour le territoire des Alaouites et, deux mois plus tard en décembre 1941, promu général de brigade. Il retourne à Londres en décembre 1942 et devient Commandant des Forces terrestres françaises en Grande-Bretagne.

En novembre 1943 et jusqu’à la fin de la guerre, il est adjoint au général commandant supérieur des troupes du Levant et participe à la pacification du nord de la Syrie où se déroulent des troubles violents en mai et juin 1945.

Après guerre

Promu général de division en 1946, il devient adjoint au commandant supérieur des troupes d’Algérie. En 1948, le général Leclerc fait recréer pour lui, le poste d’Inspecteur de la Légion étrangère qui n’avait pas été occupé depuis le général Rollet. Il réorganise cette arme d’élite, crée un Bataillon étranger de parachutistes, veille avant tout au bien-être du Légionnaire, visite tous les postes de la Légion en Indochine.

En 1950, général de corps d’armée à la veille de sa retraite, il se porte volontaire pour commander le Bataillon français de l’ONU en cours de formation pour intervenir en Corée. Afin de pouvoir exercer ce commandement, il n’hésite pas une seconde et échange ses quatre étoiles de général contre les galons panachés de lieutenant-colonel.

Atteint par la limite d’âge, il rentre en France en 1951. En 1952, il reçoit la Médaille militaire. Il n’était pas maréchal de France mais le peuple de France avait parlé par la voix des Anciens Combattants, Poilus, Tirailleurs, Légionnaires: tous l’appelaient  » notre héros national « . En 1962, succédant au général Kientz, il devient gouverneur des Invalides.

C’est à ce poste d’honneur, qu’il s’éteint le 3 juin 1964 à l’âge de 72 ans au Val-de-Grâce à Paris. Il est inhumé dans le caveau des gouverneurs, dans la crypte de l’église Saint-Louis-des-Invalides, surnommée l’église des soldats.

Il a été le président fondateur de l’Association nationale des anciens des forces françaises de l’ONU et du régiment de Corée.

17 décorations françaises dont :

Grand-croix de la Légion d’Honneur,

Croix de la Libération,

Médaille Militaire,

Croix de guerre 1914-1918 (11 citations)

Croix de guerre 1939-1945 (3 citations)

Croix de guerre des théâtres d’opérations extérieures (6 citations)

Médaille de la résistance française,

Médaille des évadés,

Insigne des blessés militaires (7 blessures)

17 décorations étrangères dont :

Grand officier de l’ordre du dragon d’Annam (Annam)

Commandeur de l’ordre de la couronne (Belgique)

Grand-croix de l’ordre royal (Cambodge)

Cordon Taegeuk avec étoile d’argent de l’ordre du mérite (Corée du Sud)

Silver Star (États-Unis)

Les acteurs : entretien avec Yves Machet (vidéo)

Pour lire cette vidéo, cliquez sur l’image ou le lien ci-dessous :

https://vimeo.com/album/5040393

 

Pistes pédagogiques

Sur Internet, pour aller plus loin, vous trouverez des vidéos, des articles, des photographies et des témoignages sur le lien suivant :

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qui est une page de résultat du moteur de recherche qwant.com

Mots clés : Corée ; guerre + Corée ; Corée + histoire contemporaine

avec des résultats variés. En y ajoutant des critères spécifiques sur des évènements particuliers ou des régiments, les résultats sont encore différents.

Qwant présente les résultats sur 3 colonnes ;

Celle qui peut vous intéresser en premier lieu est celle de gauche (Web).

1) le site Wikipédia permet de dégager 3 axes dont le paragraphe 8.1 : « Participation française » et 2 sous articles détaillés à exploiter : * « Forces françaises dans la Guerre de Corée » et « Bataillon français de l’ONU ».

On y trouve 2 associations qui, en sus de la bibliographie, des articles connexes et des liens externes, peuvent vous donner des informations complémentaires :

156ème RI (« ANAAFF ONU & RC 156 RI ») ;
« Association nationale des anciens combattants de la « second ( Indian head) division des États-Unis ».
2) Les encyclopédies Larousse et Universalis.

3) La bibliothèque nationale de France (BNF) et son moteur de recherche Gallica (Voir sa bibliographie sur la Guerre de Corée et les revues spécialisées en Histoire), qui permet de questionner sa base de données dans le « web profond ».

4) Les archives vidéos de l’Institut national de l’audiovisuel français (INA), ainsi que les magazines TV documentaires de France3 (exemple : « Nos soldats oubliés » sur « francetv.fr ») qui peuvent être achetés.

5) les articles du « Monde » associé au « Huffingtonpost » (Exemple ceux signés par Camille Rougeron) et le « Courrier international ».

6) Le site internet

http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr , qui propose notamment un dossier documentaire de 16 Giga (Envoyer une demande par courriel pour le récupérer).

7) Les archives de la  Revue historiques des armées « www.servicehistorique.sga.defense.gouv.fr » relative au « Rôle du  Bataillon de Corée dans la guerre de Corée» et sur « rha.Revues.org ».

8) le site http:// www.ecpad.fr/le-bataillon-français-de-l-onu-en-coree .

9) Le site internet du Canada, qui propose des témoignages d’anciens combattants sur : « projetmemoires.com », puis cliquer sur « Encyclopédie canadienne ».

Bibliographie

BERGOT Erwan, Bataillon de Corée, les volontaires français 1950-1953, Paris, Presses de la Cité,1983

BOUTTIN Jacques (lieutenant), Bataillon Monclar, Paris, Editions du scorpion, 1961

CUMINGS Bruce, The origins of the Korean war, 1945-1947, Princeton, Princeton University press, 1981

CUMINGS Bruce, The origins of the Korean war, 1947-1950, Princeton, Princeton University press, 1990

CUMINGS Bruce, The Korean war. A history, random House Publishing Press, 2010

DELMAS Claude, Corée 1950, paroxisme de la guerre froide, Bruxelles, Edition Complexe, 1982

GUGELER Russel A., Combat action in Korea, Office of the chief of military history, United States Army, Washington D.C., 1970, 252p, (collection : army historical series)

HIGGINS Marguerite, Guerre en Corée, Berger-Levrault, 1951

HINSHAW Arned.L, Heartbreak Ridge, Korea, 1951 , Praeger, New-York, 1989

LE MIRE Olivier (lieutenant-colonel), L’assaut de Crèvecoeur, Paris, carrefours du Monde, 1956

LECKIE Robert, La guerre de Corée, Paris, Robert Laffont, 1963

LEMOINE André, Un du bataillon de Corée, Amiot-Dumont, 1951

LE SAGE Robert, Crèvecoeur, Editions France Empire, 1955

LOWE Peter, The origins of the Korean War, London, Longman, 1986

MacArthur Douglas (général), Mémoires, paris, Presses de la Cité, 1965

MOUSSET Paul, Parallèle 38, Gallimard, 1951

PELLETIER Jean-François, Le bataillon français de l’ONU en Corée (historique : 1950-1953), les Jonquerets de Livet, Editions des Argonautes, 2004

ROSSI Michel, Avoir vingt ans à Chipyong-Ni, Remicom, 1994

ROUGERON Camille, Les enseignements de la guerre de Corée, paris, Berger-Levrault, 1952

SOUTY Patrick, La guerre de Corée : 1950-1953, guerre froide en Asie orientale, Lyon, Presses universitaires de Lyon, 2002

VERNET Jacques et Pierre FERRARI, Corée 1950-1953. L’héroïque Bataillon français, Paris, Lavauzelle, 2001

The history of the united nations forces in the Korean War, vol.V, The ministry of national defense, The Republic of Korea, Seoul, 1981

United States army in the Korean War, Hermes Walter. G, Truce Tent and fighting front, Office of the chief of military history, United States Army, Washington D.C., 1966.

 

Exemple d'acteur du conflit: un PRO PATRIA de l'ENSOA de Saint Maixent

Les promotions d’élèves sous-officiers de l’Ecole Nationale des Sous-Officiers d’Active ( ENSOA) de Saint Maixent l’Ecole sont placées sous le parrainage d’un PRO PATRIA, un sous-officier de l’armée française qui s’est illustré par sa carrière dans un ou plusieurs conflits. L’adjudant-chef BIZOT, parrain de la 204ème promotion, a notamment combattu en COREE.

parrain de la 204ème promotion de l’ENSOA de Saint Maixent l’Ecole

Voici le texte le présentant sur « LE CHEVRON », le site internet de l’ENSOA:

« André Bizot est né le 4 février 1923 à Beaumont du Gâtinais, en Seine-et-Marne. En septembre 1941, il sʼengage pour trois ans à Châteauroux, au titre du 8ème régiment de cuirassiers.

Après sa formation initiale, il est affecté en Algérie au 6ème  régiment de spahis, avec lequel il participe au printemps 1943 à la campagne de Tunisie ; il y est cité une première fois. Après la capitulation allemande sur ce théâtre, il rejoint les Forces françaises libres, au sein du 3ème bataillon dʼinfanterie dʼAfrique, stationné initialement à Tripoli.

Fin 1943, Bizot débarque en Angleterre pour suivre des stages de formation parachutiste et commando. Il intègre alors le 3ème régiment de chasseurs parachutistes, dépendant du « Special Air Service » britannique. En août 1944, au cours des opérations « Harrod et Barker », il est parachuté en France pour encadrer les maquis de Saône-et-Loire, avec lesquels il combat pendant un mois. Il est blessé pendant ces opérations. Cité pour son courage et son endurance, il est nommé sergent le 1er novembre 1944. Envoyé en Hollande le 8 avril 1945, il est isolé et fait prisonnier par les Allemands. Les troupes anglaises le délivrent à la fin du mois.

Il est démobilisé en octobre 1945.

Sa soif dʼaventure demeurant toujours aussi vive, le sergent Bizot se rengage pour deux ans afin de servir en Extrême-Orient. Il est affecté en février 1948 au 1er bataillon du 1er  régiment de chasseurs parachutistes, comme chef de groupe. Une semaine plus tard, lors dʼune embuscade dans le secteur dʼHoa Binh, il se distingue à la tête de ses hommes par son allant et son esprit de décision. Puis, se signalant à plusieurs reprises lors de différentes opérations aéroportées, il est à nouveau cité. Sous-officier de grande qualité, il est nommé sergent-chef le 1er  octobre et rejoint la base aéroportée Nord, comme chef dʼéquipe de largage. Il participe à de multiples missions de ravitaillement par air au profit de postes et dʼéléments isolés, le long de la RC4. A la fin de son séjour en mars 1950, il est à nouveau cité et rentre en France.

Le 12 septembre, le sergent-chef Bizot intègre la 3ème compagnie du bataillon français de lʼONU. Ce dernier se prépare au camp dʼAuvours dans la Sarthe, pour participer aux côtés des Américains aux opérations en Corée. Il débarque le 29 novembre 1950 à Fusan. Un mois plus tard, Bizot est décoré de la médaille militaire, en récompense des campagnes précédentes. Lors de ce séjour, il se distingue à de nombreuses reprises par son courage et son dynamisme. Sous-officier adjoint, il est cité en janvier 1951 pour avoir contre-attaqué en tête de sa section et repris un piton occupé par les Chinois. Puis, il force lʼadmiration de tous dans les combats de Twin-Tunnels, en février. Dans des circonstances particulièrement difficiles, il succède à son chef de section mort au combat. Poursuivant le corps à corps, il repousse à nouveau lʼennemi de sa position. Pour son action énergique et décisive, il est cité une nouvelle fois. Au mois de mai, sa détermination et son efficacité comme chef de section sont remarqués par les autorités américaines, qui lui décernent la « bronze star medal ».

Le 28 septembre 1951 lors de lʼopération Crèvecoeur, il est blessé par balle et éclats de mortier dans le bras et au rein au cours dʼun accrochage violent. Il est évacué vers la métropole pour sa convalescence. Nommé au grade dʼadjudant le 1er octobre, il est admis dans le corps des sous-officiers de carrière au mois de juillet 1952. Rétabli, il est muté le 5 août de la même année à la 7ème compagnie du 2ème  bataillon du 18ème régiment dʼinfanterie parachutiste de choc, totalisant alors neuf citations sur ses deux croix de guerre.

Lʼadjudant Bizot est ensuite envoyé successivement en Tunisie de juillet à septembre 1954 et en Algérie de novembre à octobre 1955. Au cours de ce dernier séjour, il est nommé au grade dʼadjudant-chef. En avril 1956, il rejoint le 48ème régiment dʼinfanterie, stationné à Oran, avec lequel il participe à lʼinterdiction du barrage sur la frontière algéro-marocaine. Le 27 janvier 1957, au cours dʼune intervention dans son secteur, lʼadjudant-chef Bizot est mortellement blessé par lʼexplosion dʼune mine.

Lʼadjudant-chef Bizot a incontestablement été un grand et beau soldat, à la pointe des combats pour la France et pour la liberté. La croix de chevalier de la Légion dʼhonneur est venue lui rendre un dernier hommage, en témoignage de ses hauts faits dʼarmes, de son courage et de la détermination qui avaient forcé lʼadmiration de tous. «