MALI opération SERVAL

MALI opération SERVAL

L’intervention militaire au Mali est une opération militaire multinationale qui débute le 11 janvier 2013, dont l’objectif est la mise en œuvre de la résolution 2085 du Conseil de sécurité des Nations unies.

Les noms donnés à cette intervention sont l’opération Serval pour la France, qui se termine le 15 juillet 2014, la MISMA pour l’Union africaine et la CEDEAO et forces armées tchadiennes d’intervention au Mali (FATIM) pour le Tchad (intégrées à la MISMA en mars 2013). La MINUSMA, qui succède à la MISMA en juillet 2013, est prolongée, en juin 2014, en juin 2015, puis en juin 2016, jusqu’en juin 2017.

Au cœur du conflit malien, la résolution 2085 du 20 décembre 2012 prévoit une aide à « reconstituer la capacité des forces armées maliennes » pour permettre aux autorités de reprendre le contrôle des zones du nord de son territoire, tout en préservant la population civile.

Contexte

Depuis le 17 janvier 2012, un conflit armé oppose dans le nord du Mali l’armée malienne aux rebelles touaregs du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA) et au mouvement salafiste Ansar Dine, alliés à d’autres mouvements islamistes. Le MNLA revendique l’autodétermination et l’indépendance de l’Azawad qui correspond aux trois régions maliennes de

Kidal, Tombouctou et Gao. Le gouvernement malien refuse ces revendications, défendant l’intégrité du territoire malien. Le mouvement Ansar Dine de l’ancien combattant touareg Iyad ag Ghali défend, lui, l’instauration d’une république islamique avec l’application de la charia.

Ce conflit s’inscrit dans une série de conflits généralement appelés « conflits touaregs », ou « rébellion touareg », bien que le MNLA démente tout caractère ethnique. Il engendre des conséquences néfastes pour les populations de ces régions dont une partie se réfugie dans les pays voisins (Mauritanie, Algérie, Niger et Burkina Faso), avec d’autres conséquences pour les habitants déjà confrontés à des difficultés alimentaires.

La branche sahélienne d’Al-Qaïda AQMI joue également un rôle important dans l’insurrection malienne. Leurs intérêts convergents amènent Ansar Dine à rencontrer ses principaux dirigeants en mai 2012 à Tombouctou. Cette alliance stratégique entre groupes islamistes exclut les rebelles touaregs et octroie aux jihadistes le contrôle des principales villes de l’Azawad, où la loi islamique est instaurée.

Le 11 janvier 2013, devant la dégradation brutale de la situation au Mali et en réponse à la demande du Président malien, le Président de la République a décidé d’intervenir au Mali en lançant l’opération Serval. Cette opération a mobilisé jusqu’à 4 500 militaires français au Mali.

Elle a été rythmée par trois phases répondant chacune à un objectif précis : arrêt de l’offensive, alors que des groupes terroristes progressaient en direction de la capitale malienne ; destruction des sanctuaires terroristes découverts au Nord du fleuve Niger et rétablissement de la souveraineté de l’Etat malien (élections présidentielles et législatives) ; transfert progressif de la mission à nos partenaires maliens ainsi qu’aux forces de l’ONU engagées dans le pays (MINUSMA).

Un engagement majeur pour les forces franaçaises

Au plus fort de l’opération, Serval, sous le commandement opératif du général de Saint-Quentin, aura mobilisé sur le théâtre plus de 4 500 hommes.

La composante terrestre aura engagé jusqu’à quatre GTIA dont trois simultanément. La force initiale qui reprend la boucle du Niger, le GTIA 1, est armée principalement par les Eléments Français au Tchad, renforcé d’unités de Licorne (RCI) ou de métropole en alerte Guépard. Ces unités sont redéployées ou s’intègrent en février au sein du dispositif de relève comprenant des éléments de la 3èmeBrigade multi-rôle – dont le chef, le général Barrera, assure le commandement de la brigade Serval –qui arme le GTIA 2 déployé à Gao, de la 9ème brigade multi-rôle qui arme le GTIA 3 (blindé) et de la 11ème Brigade qui arme le GTIA TAP, les deux derniers étant engagés dans l’Adrar des Ifoghas. Ces GTIA auront été appuyés par un GAM de plus de 20 hélicoptères et soutenu par un fort bataillon logistique de 800 hommes à Bamako

Après le raid initial d’interdiction mené depuis la métropole par les quatre Rafale – le plus long jamais entrepris par l’armée de l’Air, soit 9h30 – et plusieurs Mirage 2000D frappant depuis

N’Djamena, le dispositif de l’armée de l’Air se stabilise dans les premières semaines à 14 appareils : une demi-douzaine opérant depuis Bamako (une combinaison F-1CR/M2000D puis des M2000D) et 8 Rafale opérant depuis N’Djamena. Le dispositif a été réduit à 9 appareils fin avril (6 Rafale et 3 M2000D).

L’appui renseignement fourni par la puissance aérienne est réellement massif. Outre les nacelles de reconnaissance des chasseurs Rafale et M2000D une vingtaine de capteurs dédiés sont engagés (5 ATL de la Marine, 2, drones Harphang, les F1CR, un C-160 Gabriel mais aussi un R1 Sentinel de la RAF et un PC-12, un U-28, deux Predator – basés au Niger – et un P-3 américains). La flotte de transport tactique est utilisée au maximum de ses possibilités avec 16 appareils mobilisés au 31 mars que viennent renforcer les C-17 américains et britanniques de même que les appareils de transport tactique des partenaires européens coordonnés par le biais de l’Air European Transport Command (EATC). Il convient d’ailleurs de noter que l’EATC aura surtout assuré la permanence des autres missions de transport des forces françaises, privées des moyens engagés par Serval.

Opération SERVAL en chiffres

– Les opérations effectuées conjointement avec les forces armées maliennes ou en coordination avec les forces africaines de la MISMA, puis de la MINUSMA, ont permis de neutraliser plusieurs centaines de terroristes.

– Ces opérations ont permis la découverte d’environ 200 tonnes d’armement et de munitions ainsi qu’une vingtaine de tonnes de nitrate d’ammonium destinée à la fabrication de mines artisanales.

– Les avions engagés dans l’opération, avions de chasse, ravitailleurs, avions de transport tactiques et stratégiques, ont effectué plus de 13 000 heures de vol lors de 7 500 sorties. Au cours de ces missions aériennes, près de 300 bombes ont été délivrées (GBU 12, GBU 49, AASM, MK82) par les avions français.

– Un défi logistique : 2 000 km séparent Bamako de Tessalit, soit à peu près 2 fois la longueur de la France. Les différents bataillons logistiques qui se sont succédés ont ainsi été amenés à parcourir en moyenne 400 000 km/mois, soit l’équivalent de 10 fois le tour de la Terre chaque mois.

– La force Serval a pu compter sur le soutien de huit pays en vol (Allemagne, Belgique, Canada, Danemark, Grande-Bretagne, Espagne, Etats-Unis et Pays-Bas) pour les missions de transport aérien ou de ravitaillement et de sécurité de ses membres.

Forces islamistes

Les groupes islamistes sur le terrain au Mali sont estimés, selon les sources, de 2 000 à 5 000 hommes environ. Les services algériens estiment, eux, le nombre de combattants islamistes aguerris entre 1 500 et 2 000, entourés de divers groupes criminels et de mercenaires attirés par l’appât du gain. Par ailleurs, selon le New York Times, trois des quatre unités d’élite maliennes à commandement touareg formées par les États-Unis dans les années 2000 sont passées dans le camp des rebelles lors du conflit de 2012.

Les djihadistes disposent, pour l’essentiel, d’armes d’infanterie provenant des arsenaux libyens ou achetées à des trafiquants d’armes grâce aux revenus tirés de trafics divers (drogue, êtres humains, etc.) et des rançons d’otages : fusils d’assaut AK-47, fusils de précision Dragunov, mitrailleuses légères de 7,62 mm, mitrailleuses lourdes de 12,7 mm et 14,5 mm ou encore lance-roquettes RPG-7. Les djihadistes possèdent des pick-up équipés de canons jumelés de calibre 23 mm, d’une portée de plus d’un kilomètre. Ils détiendraient également des « grandes roquettes russes » transportables en pick-up et des canons de 107 mm.

Les pertes
Bilan et perspectives

L’engagement des forces françaises au Mali a certes permis de chasser rapidement les différents groupes terroristes proches d’al-Qaïda qui occupaient le Nord-Mali mais cette région est loin d’être sécurisée. Les djihadistes profitent de la porosité des frontières notamment lié à la nature désertique de la zone sahélienne et savent se réorganiser afin de mener des attaques qualifiées par l’armée françaises de « complexes ». La mission requiert une nouvelle approche de avec certains pays voisins Le harcèlement des troupes françaises et africaines par le biais d’attentats à la voiture piégée et d’opérations kamikazes s’est fortement intensifié. Plusieurs opérations meurtrières se sont produites à Kidal contre des soldats de la Minusma.

Dans le même temps alors que Bamako ne maîtrise toujours pas la sécurité à Kidal, Ibrahim Boubacar Keïta peine à réaffirmer son autorité. Ainsi, il y a quelques mois, il a demandé à ce que les Nations Unies, par le biais de la Mission multidimensionnelle intégrée, s’impliquent dans le désarmement et le cantonnement des groupes armés. Alors que la force déployée n’a pas vocation à s’impliquer dans ce processus, la requête du chef de l’Etat s’est soldée par une fin de non-recevoir.

4 ans après le déclenchement de l’opération Serval, la situation est la même concernant la réconciliation nationale et le processus pour parvenir à ramener la paix entre tous les maliens est très loin d’avoir avancé de quelque façon que ce soit. Pour le moment la France n’a pas donné de date au Mali concernant la restitution des prérogatives sécuritaires dans la zone de Kidal et la situation pourrait bien durer. Le défi de l’unité reste le même et le bilan de l’opération Serval est loin de faire l’unanimité.

Afin de maintenir la pression exercée sur ces groupes armés au-delà des frontières maliennes, la France a décidé, en partenariat avec les Etats de la région, de réorganiser son dispositif et de repenser la conduite de ses opérations dans l’ensemble de la bande sahélo-saharienne (BSS).

Ce constat amènera l’état-major à repenser le dispositif dans le sahel et à la création du dispositif Barkhane.