Afghanistan 2001 – 2014

1. Contexte général

 

En 1992, après l’effondrement du régime mis en place par les soviétique, des combats s’engagent entre combattants (moudjahidins) de factions rivales pour le contrôle du pays. Après 4 années de lutte armée, les Talibans arrivent au pouvoir avec le soutien du Pakistan. Ils instaurent alors un régime islamiste dirigé par le mollah Omar. Malgré la résistance du principal organe d’opposition au régime, l’Alliance du Nord, les hommes au pouvoir s’assurent du contrôle de toutes les grandes villes du pays dès 1998.

En décembre 2000, l’ONU décide de prendre des sanctions financières contre un gouvernement qui laisse prospérer le trafic de drogue à l’intérieur de son pays et soutient le chef du réseau terroriste islamiste, Oussama Ben Laden. Les événements s’accélèrent après les attentats du 11 septembre 2001. Deux jours plus tôt, la mort du commandant Massoud, chef de file de la résistance semblait pourtant marquer une nouvelle victoire des Talibans. Mais le soutien que ces derniers apportent à Ben Laden, réfugié dans les montagnes du pays, entraîne la réaction de la communauté internationale et de Washington. Dès le 17 septembre, le Sénat américain autorise le président Bush à entrer en guerre contre l’Afghanistan. La fin du régime taliban ouvre une période d’instabilité politique que tentent de résoudre les accords de Bonn signés le 5 décembre sous l’égide de l’ONU. D’une part, un gouvernement provisoire dirigé par Hamid Karzaï assure la transition démocratique jusqu’à la tenue d’élections libres ; d’autre part, l’ONU envoie à Kaboul une force de maintien de la paix, l’ISAF ( Force Internationale d’Assistance pour la Sécurité). Dans le reste du pays, les troupes américaines se maintiennent.

Les bombardements américains sur le pays commencent le 7 octobre et permettent l’avancée des troupes rebelles de l’Alliance du Nord qui entrent dans Kaboul le 13 novembre. En 2003, l’OTAN prend le relais de l’ISAF.

 

2. Type de mandat

Le 28 septembre 2001, la résolution 1373 des Nations Unies autorise les Etats, dans le cadre de la légitime défense individuelle ou collective, à agir pour prévenir les actes terroristes. C’est dans ce contexte qu’une coalition internationale est mise en place pour renverser le régime taliban d’Afghanistan, foyer du terrorisme international.

Le 20 décembre 2001 la résolution 1386 crée la Force Internationale d’Assistance et de Sécurité (FIAS) -ou ISAF pour International Security Assistance Force, sous l’égide de l’OTAN et l’autorise à opérer en Afghanistan.

 

Insigne ISAF

3. La mission et les moyens engagés

Mission de l’ ISAF

– protéger le peuple afghan par la lutte contre l’insurrection ;

– renforcer les capacités des forces de sécurité afghanes ;

– permettre le développement économique et la reconstruction politique du pays.

 

Moyens engagés

La FIAS (ISAF) a été l’une des plus grandes coalitions de l’histoire et c’est la mission la plus difficile menée par l’OTAN à ce jour. À son apogée, la force comptait plus de 130 000 hommes, provenant de 51 pays membres et partenaires de l’OTAN.

Déployée à l’origine pour assurer la sécurité dans la capitale, Kaboul, et aux environs, la FIAS a progressivement élargi son champ d’action jusqu’à couvrir la totalité du pays au second semestre de 2006. À mesure que la FIAS s’étendait à l’est et au sud, ses troupes ont dû livrer des combats de plus en plus intenses face à une insurrection grandissante, en 2007 et 2008, tout en contribuant à la reconstruction de l’Afghanistan. En 2009, une nouvelle contre-insurrection a été lancée, et 40 000 hommes supplémentaires ont été déployés.

La FIAS a apporté son concours au gouvernement afghan en aidant les forces de sécurité nationales afghanes (ANSF) à conduire des opérations de sécurité dans tout le pays, contribuant ainsi à amoindrir la capacité de l’insurrection.

L’une des priorités majeures de la FIAS était de renforcer les capacités et les compétences des forces afghanes. C’est devenu le but principal de la mission à partir de 2011, la responsabilité de la sécurité étant progressivement transférée aux Afghans et la mission de la FIAS évoluant d’un rôle de combat vers un rôle de formation, de conseil et d’assistance.

La force multinationale a également aidé à créer un environnement propice et les conditions de base nécessaires à une meilleure gouvernance et au développement socioéconomique, ouvrant la voie à une stabilité durable.

4. Participation française

L’engagement initial

Dès 2001, les armées françaises sont engagées en Afghanistan, aux côtés de leurs alliés (OEF puis OTAN), avec pour triple objectifs de chasser les talibans de Kaboul, de détruire les camps d’entraînement d’Al Qaïda et de permettre la constitution d’une force de défense nationale afghane.

Participent à cette mission un détachement aérien, un bataillon français déployé à Kaboul (le BATFRA) et une composante aéromaritime en océan Indien.

A partir d’août 2003, un groupement de forces spéciales de 200 hommes est également intégré à l’opération.

 

Forces spéciales

 

Les soldats français contribuent aux opérations de combat contre les insurgés. Dès 2002, la France monte un détachement d’instruction (Epidote) destiné à assurer la formation des forces régaliennes (formation de bataillons de combat et des cadres) alors inexistantes. A l’été 2006, le bataillon français (BATFRA) étend sa zone d’action au district de Surobi, situé à l’Est de la capitale.

 

Montée en puissance

 

En novembre 2006, le sommet de l’OTAN de Riga débouche sur une décision de montée en puissance de la FIAS. La France accompagne cette montée en puissance avec :

– deux déploiements supplémentaires du groupe aéronaval en 2006 et 2007 ;

– le commandement à trois reprises du Regional Capital Command (ou RCC) de 2006 à 2009 ;

– la participation au dispositif des Equipes de Liaison et de Tutorat Operationnel (ELTO) -ou OMLT pour Operational Mentoring and Liaison Team-, qui vise à compléter les actions de formation en accompagnant les forces afghanes au combat. La première OMLT française est déployée en 2006 au sud de Kaboul.

 

L’armée afghane

 

En avril 2008, au sommet de l’OTAN de Bucarest, le Président de la République annonce sa décision de renforcer la présence militaire française sur le sol afghan.

Après le transfert aux forces de sécurité afghanes de la responsabilité de la sécurité de la province de Kaboul en août 2009, le centre de gravité des forces françaises se déplace vers la Surobi puis la Kapisa. Ces deux provinces jouxtent celle de la capitale, à l’Est. La Task Force La Fayette, forte de 2 200 hommes, devient opérationnelle le 1er novembre 2009. Cette brigade commande 2 bataillons et un groupement de forces spéciales. Le groupe aéronaval est déployé pour la cinquième fois à la fin de l’année 2010.

Un effort est également consacré à l’accompagnement des forces de sécurité afghanes, par une densification de la mission EPIDOTE ainsi que celle des OMLT. Le nombre des OMLT passe à 7 en octobre 2010. L’effectif des instructeurs français de la mission EPIDOTE atteint près de 200 formateurs en 2011. Les mentors français encadrent la 3e brigade du 201e Corps afghan, auxquelles appartiennent l’ensemble des unités afghanes opérant dans la zone de la brigade La Fayette.

La gendarmerie française encadre également les policiers afghans en Kapisa, Surobi et dans le Wardak.

 

Gendarmerie française

 

Le retrait progressif des forces

En juin 2011, un premier retrait de forces françaises est annoncé, en cohérence avec la transition sécuritaire alors engagée en Surobi. En juin 2012, le Président de la République décide le retrait complet des forces combattantes avant la fin 2012. Cette décision marque la fin de l’appui direct aux forces afghanes sur le terrain.

5. Opérations menées par les forces françaises

A/ opérations de combat

Les opérations de combat impliquent toutes les composantes des armées françaises, c’est à dire à la fois les forces terrestres, aériennes et maritimes. L’engagement français atteint son apogée entre 2008 et 2012 mais les avions présents sur la base de Douchambé furent engagés au profit de la coalition dès le début de l’opération Enduring Freedom tout comme le groupe aéronaval.

Composante terrestre

Le bataillon français (BATFRA) est la première composante terrestre déployée sur le théâtre afghan, dès le mois de juillet 2002. Fort de 500 militaires, son action se concentre sur Kaboul. Il est rapidement renforcé et densifié (appuis feu, renseignement).

Quand la France bascule son centre de gravité de Kaboul vers l’Est (2008-2009), la Task Force La Fayette est créée.

 

Patrouille

 

Elle se charge de la sécurisation de deux régions difficiles, la Surobi et la Kapisa, qui sont rattachées à une zone placée sous commandement américain (RC-Est).

La TF La Fayette opère depuis trois bases principales situées, du Nord au Sud, à Nijrab, Tagab et Tora.

 

Le bataillon hélicoptère

 

Le ravitaillement et l’appui héliportés des forces françaises sont assurés depuis la capitale. C’est également depuis Kaboul que décollent les hélicoptères du bataillon hélicoptères (14 hélicoptères dont 9 d’attaque et 5 de transport de troupe).

 

Héliportage

 

Composante aérienne et aéronavale

Le détachement air de la force Pamir est intervenue dans deux missions principales : en appui aérien rapproché au profit des forces de la coalition et dans des missions de recueil de renseignement. Il comprenait 6 chasseurs au plus fort de l’engagement. Le groupe aéronaval, constitué autour du porte-avions Charles de Gaulle, a été engagé à plusieurs reprises en soutien des opérations terrestres en Afghanistan (missions Héraclès et Agapanthe).

Bases d’opération de la composante chasse de Pamir

– Manas (Kirghizistan) – 2001/2005

– Douchanbé (Tadjikistan) – 2005/2007

– Kandahar (Sud de l’Afghanistan) – 2007/2012

 

Rafale

 

Les aéronefs du Charles de Gaulle ont été, avec les Mirage IV français, les premiers chasseurs de combat non américains à effectuer, dès 2001, des missions de reconnaissance et d’appui sur la totalité du territoire afghan. Les Mirage 2000 et les Rafale de l’armée de l’air ont ensuite contribué à l’appui aérien des forces françaises et de la coalition à partir des bases aériennes de Manas, Douchambé et Kandahar.

Près de 50 000 heures de vol ont été réalisées sur le théâtre afghan par les chasseurs de l’armée de l’air et de la marine nationale. L’engagement de l’aviation française a été marqué par près de 500 tirs de tous types, et la réalisation de près de 1 800 « Show of force».

 

Composante maritime : opération Enduring Freedom

 

La première unité militaire française engagée sur zone, dès le début de l’intervention occidentale fin 2001 dans le cadre de l’opération Enduring Freedom, est la frégate Courbet, qui réalise sa première mission le 17 octobre 2001.

Le groupe aéronaval a été déployé, au large du Pakistan, à cinq reprises (2001, 2004, 2006, 2007 et 2010). Le porte-avions a projeté les aéronefs (Super-Etendard Modernisés, Rafales et E2C Hawkeye) de son groupe aérien embarqué au-dessus du territoire afghan, en soutien aux opérations de la Force Internationale d’Assistance et de Sécurité de l’OTAN, pour des missions de reconnaissance, d’assaut, d’appui de troupes au sol ou de coordination tactique. Ces opérations ont été conduites en coopération avec les groupes aéronavals américains.

 

 

 

Le soutien sanitaire

 

l’hôpital médico-chirurgical

L’Hôpital Médico-Chirurgical (HMC) de Kaboul est le premier hôpital construit par l’OTAN sur un théâtre d’opération.

Cette structure internationale, dans laquelle ont oeuvré des militaires de diverses nationalités, est restée sous la responsabilité de la France durant quatre ans, du 18 mars 2010 au 30 juin 2014. Le HMC a assuré une mission de soutien santé (urgences, chirurgie viscérale et orthopédique, scanners, etc.) ainsi que des missions d’évacuation médicale. Ses équipements, de très grande qualité, étaient du niveau de ceux d’un hôpital européen. La chaîne d’évacuation des soldats blessés de la coalition était optimisée, de la prise en charge sur la zone d’opération jusqu’aux soins apportés par le personnel de l’hôpital, avant leur éventuelle évacuation vers leur pays d’origine.

Au 30 juin 2014, le commandement de l’HMC a été transféré aux Américains. A cette date, l’hôpital avait enregistré 55 000 consultations dont 70% au profit de la population afghane, 5 000 interventions chirurgicales et 900 évacuations de patients. 2 000 militaires français (dont 600 médecins) et 500 militaires alliés se sont relayés pour assurer son fonctionnement.

 

Service de santé

 

B/Reconstruction et accompagnement des forces afghanes

 

La mission Epidote

 

La mission EPIDOTE dédiée à la formation de l’armée nationale afghane débute en mai 2002 avec 60 militaires français aux côtés des militaires américains. EPIDOTE est le nom donné à la mission française dans le cadre de la Nato Training Mission in Afghanistan (NTM-A). Elle s’est achevée en décembre 2014.

Après avoir initialement assuré eux-mêmes la formation des militaires afghans, les militaires français leur ont progressivement restitué ces prérogatives en formant les formateurs, puis en maintenant uniquement des conseillers techniques / administratifs pour la gestion des écoles. Cette organisation permet aujourd’hui à l’Armée Nationale Afghane (ANA) d’assurer seule la formation de ses militaires.

Plus de 21 000 militaires afghans ont été formés par l’armée française dans le cadre de cette mission, dans des domaines aussi variés que la gestion des ressources humaines, les finances, le renseignement ou le combat blindé.

La France a également contribué à la formation de 7 bataillons de « mêlée » (infanterie et blindés).

 

Implication française dans les écoles militaires

 

Les militaires français se sont particulièrement impliqués dans la montée en puissance de cinq écoles militaires afghanes, qui agissent désormais de façon autonome :

– l’Intelligence Training-Center, école du renseignement (fin de mentoring en juin 2014) ;

– l’Armor Branch School, école des blindés (fin du mentoring en août 2014) ;

– la Combat Service Support School, école du soutien et de la logistique (fin du mentoring en septembre 2014) ;

– le Command and Staff College, école d’enseignement militaire supérieur (fin du mentoring en novembre 2014) ;

– la National Military Academy of Afghanistan, formation initiale des jeunes officiers (fin du mentoring en novembre 2014).

Le mentoring des forces de sécurité afghanes / OMLT et POMLT

Les OMLT (Operational Mentoring and Liaison Team), mises en place par les forces internationales, sont intervenues en remplacement des Embedded Training Team (ETT) américaines qui agissaient sous mandat Enduring Freedom.

La France a armé 7 des 36 OMLT de la FIAS.

Les OMLT étaient intégrées dans les unités opérationnelles de l’ANA qu’elles accompagnaient et conseillaient dans toutes leurs missions, que ce soit à l’instruction ou au combat.

Elles assuraient un rôle important dans la liaison entre les unités afghanes et les unités de la coalition.

Les équipes françaises ont été déployées auprès de 3 brigades afghanes :

– le 201e corps de l’ANA dès fin août 2006 où elles ont encadré la 1ère brigade ;

– le 205e corps dès l’été 2008 ;

– la 3e brigade du 201e corps de l’ANA fin 2009.

La gendarmerie française a mené le pendant de ces actions à partir de fin 2009 auprès des forces de police (POMLT) en Kapisa et Surobi. Elle a également oeuvré à la formation de l’Afghan National Police (ANP) à Mazar e-Sharif. Ces actions visaient au développement de l’autorité de l’Etat avec un maillage étroit du territoire.

 

6. Résultats et bilan de l'intervention

Bilan des actions menées

 

Depuis 2001, la communauté internationale et les autorités afghanes ont permis la réalisation d’avancées et de réels progrès sur le plan sécuritaire et sur le plan de la gouvernance.

La période écoulée a vu la mise en place d’une nouvelle constitution validée par une Loya Jirga en décembre 2003, et la désignation, à trois reprises, d’un Président de la République élu au suffrage universel en 2004, 2009 et 2014.

Mi-2013, le processus de transition a vu la responsabilité de la sécurité du territoire passer progressivement de l’ISAF au gouvernement afghan.

Les forces de sécurité afghanes, qui étaient inexistantes en 2001, disposent désormais d’un effectif (350 000 hommes en 2014) et d’un niveau opérationnel qui leur permettent de s’engager seules en première ligne. Elles disposent également de la capacité de poursuivre de façon autonome l’effort de formation qui a été engagé à leur profit.

Dans le cadre d’une approche globale de gestion de crise, de nombreux projets de développement ont également été conduits par les militaires de l’opération Pamir, en cohérence avec l’action gouvernementale française.

Ces projets ont couvert différents volets tels que :

– la sécurité : aide à la construction d’une vingtaine de postes de sécurité ;

– la santé : aide à la construction et la rénovation d’une quinzaine de cliniques, nombreuses distributions de matériel médical, forage d’une centaine de puits pour faciliter l’accès à l’eau ;

– l’éducation : remise en état ou construction d’une vingtaine d’établissements scolaires ;

– l’agriculture : création de bassins versants, don de matériels agricoles ;

– l’infrastructure : développement de l’accès à l’électricité pour les bâtiments administratifs et publics.

Ces projets ont contribué à l’évolution économique des régions de Surobi et de Kapisa, ainsi qu’à la montée en puissance des structures de gouvernance dans ces zones.

Avec la fin de l’opération Pamir, le soutien de la France continuera à s’exercer au travers une coopération militaire bilatérale. Conforme au traité d’amitié franco-afghan, cette relation prévoit notamment la présence de coopérants au sein de la mission militaire française auprès de l’ambassade de France à Kaboul, ainsi que l’ouverture de stages destinés à la formation des militaires afghans dans les écoles militaires françaises.

Situation actuelle

Les attentats à Kaboul début 2018 revendiqués par les talibans et les djihadistes de l’Etat islamique à Kaboul ne sont que le symptôme d’une détérioration générale, institutionnelle et sécuritaire, qui a commencé il y a plusieurs années . D’un point de vue institutionnel, les élections présidentielles de 2014 se sont conclues par un accord entre les deux candidats de second tour en raison des accusations de fraude massive . Depuis lors, le président Ashraf Ghani n’a pas réussi à réformer l’Etat et son crédit politique est aujourd’hui bien faible.
D’un point de vue sécuritaire, la situation se détériore pour plusieurs raisons : d’une part les talibans sont toujours soutenus par le Pakistan , où ils ont leur sanctuaire . Les opérations de la coalition et de l’armée afghane sont donc peu efficaces. Même pendant le renforcement des troupes décidé par les USA en 2009, quand les troupes occidentales ont plafonné à 150 000 combattants, il a été impossible de casser l’insurrection, cela ne risque donc pas d’arriver aujourd’hui. D’autre part, l’émergence plus récente d’un mouvement concurrent, l’Etat islamique (EI), à partir de l’été 2014, contribue à l’insécurité générale.

Face à cette situation, l’armée afghane est fragilisée. Elle est en proie à la corruption : les ressources, notamment l’aide occidentale, sont mal utilisées, voire détournées, de ce fait la logistique est mauvaise, parfois désastreuse. Par ailleurs, la police, largement corrompue et soumise aux attaques constantes de la guérilla, n’est pas équipée pour faire face à l’insurrection. Enfin la coordination entre les différentes institutions de sécurité — l’armée, la police, les milices — est mauvaise ou inexistante.

Pertes en vies humaines

Durant treize années, les forces françaises ont conduit des actions sécuritaires dans la capitale, puis dans l’Est du pays dans les vallées de la Surobi et de la Kapisa. Parallèlement, elles ont accompagné les forces de sécurité afghanes, dans leur formation et au combat. Au terme de treize ans d’intervention, les armées françaises ont ainsi contribué à la formation de forces de défense et de sécurité capables d’affronter les défis sécuritaires qui se posent à l’Afghanistan.

Entre 2001 et 2014, plus de 70 000 soldats français ont été engagés sur le théâtre afghan. Au plus fort des opérations, 4 000 militaires y participaient.

 

Honneur national

Cet engagement a coûté la vie à 89 soldats français et fait plus de 700 blessés.

Parmi ces militaires français, aucun n’est né dans les Deux-Sèvres.

On retrouve certains de ces militaires sous-officiers parmi les parrains de promotion de l’ENSOA à Saint Maixent l’Ecole comme :

L’A/C Joël GAZEAU mort au combat le 20 mai 2006, parrain de la 318ème promotion de l’ENSOA ; (voir lien au titre 5)

L’adjudant-chef Nicolas REY du 3ème régiment du génie mort à Kaboul le 22/11/2008 qui sera parrain de la 327ème promotion qui sortira de l’ENSOA le 15/02/2019.

 

In memoriam

7. Les témoignages

Exemples de pro patria :

L’ajudant-chef  Joël GAZEAU mort au combat le 20 mai 2006 est le parrain de la 318ème promotion de l’ENSOA

http://www.lechevron.fr/images/articles/promotions/propatria/318_GAZEAU.pdf

A noter que la 327ème promotion qui sortira de l’ENSOA le 15/02/2019 aura comme parrain de promotion, l’adjudant-chef Nicolas REY du 3ème régiment du génie mort à Kaboul le 22/11/2008.

L’adjudant-chef Pascal CORREIA ( 1967 – 2007 ) est le parrain de la 287ème promotion de l’ENSOA 2ème bataillon ( 2012 – 2013 ).

En 1985, à 18 ans, il intègre le 9ème régiment de chasseurs parachutistes de PAMIERS pour son service militaire et s’engage en 1990.

Il sert en ex-Yougoslavie, en République Centrafricaine, au Cap Vert, au Sénégal, au Gabon, au Tchad, et en Afghanistan.

Désigné pour l’opération PAMIR en AFGHANISTAN en avril  2007, il sert dans le groupe  de commandement et de soutien des équipes de liaison et de conseillers tactiques et techniques où il se distingue lors d’accrochages. Il est grièvement blessé lors d’une opération en août 2007 et décède en juillet 2007.

Le Major Thierry SERRAT ( 1966 – 2012 ) est le parrain de la 317ème promotion de l’ENSOA en 2017.

Thierry Serrat est né le 16 février 1966 à Nancy. Fils et petits-fils de militaire, c’est un adolescent altruiste, optimiste qui a déjà le goût de l’effort. À 17 ans, il effectue une préparation militaire terre (PMT) puis une préparation militaire parachutiste (PMP). Le 1er octobre 1984, à 18 ans, il s’engage au titre de l’armée de Terre et rejoint l’école d’application de l’artillerie (EAA) de Draguignan pour y suivre le peloton d’élèves sous-officiers. Thierry s’y distingue par ses très bons résultats et son xcellent état d’esprit. Promu brigadier-chef le 1er janvier 1985, il choisit de servir au sein des forces françaises stationnées en Allemagne (FFA).

Le 8 octobre 1985, Il rejoint le 51e régiment d’artillerie (51e RA), à Wittlich, pour y occuper les fonctions d’adjoint au chef de pièce sur AMX 13 bitube de 30 mm. Il se fait d’emblée remarquer par sa compétence et son aptitude au commandement.

Le 1er janvier 1986, Thierry est nommé maréchal des logis puis désigné chef de pièce. Toujours à la recherche de l’excellence, il sera promu maréchal des logis-chef le 1er juillet 1990.

Le 1er août 1993 le maréchal des logis-chef Serrat choisit de servir au 35e régiment d’artillerie parachutiste (35e RAP) de Tarbes en qualité de sous-officier adjoint de section « Mistral ». Parachutiste enthousiaste et volontaire, il suscite une adhésion naturelle. Promu adjudant le 1er octobre 1994, il prendra le commandement d’une section sol-air. Du 15 août au 16 décembre 1995, sa section est projetée en mission de courte durée (MCD) au sein de la compagnie parachutiste du régiment d’infanterie de marine du Pacifique-Nouvelle Calédonie (RIMaP-NC). Comme chef de section d’infanterie légère, il démontre, à de nombreuses reprises, sa faculté d’adaptation et sa stature de chef.

Désireux d’étendre son champ de compétences, Thierry s’oriente vers la gestion des ressources humaines. C’est dans ce cadre qu’il effectue une MCD sur l’île de la Réunion du 24 octobre 2000 au 3 mars 2001 au 2e régiment de parachutistes d’infanterie de marine (2e RPIMa). De retour en métropole, Thierry occupe les fonctions de gestionnaire des personnels de réserve du 35e RAP et fait montre de ses qualités humaines en s’investissant au profit des familles et du personnel du régiment. Le 1er janvier 2002 il est promu adjudant-chef. Cette même année, Thierry est désigné pour effectuer sa première opération extérieure (OPEX) en tant que chef du bureau des effectifs du détachement  ogistique du 43e bataillon d’infanterie de marine (43e BIMa), de l’opération Licorne en République de Côte d’Ivoire.

Parachutiste pendant dix ans au 35e RAP, l’adjudant-chef Serrat est un sous-officier expérimenté et particulièrement soucieux du facteur humain. C’est naturellement qu’il rejoindra, le 4 août 2003, la direction des personnels militaires de l’armée de terre (DPMAT) à Paris. Sous-officier traitant, pendant quatre ans, il fait preuve de réelles qualités de jugement, d’autonomie et d’un sens élevé des responsabilités. Ne comptant pas son temps, il oeuvre durant cette période à la cohésion de l’unité et apporte son soutien aux malades par le sport. Volontaire pour rejoindre le groupement  nterarmées des actions civilo-militaires (GIACM) stationné à Lyon, il y est affecté le 1er août 2007 comme sous-officier traitant en ressources humaines. Cette formation unique a pour missions principales de soutenir, en opérations, les forces armées, d’apporter une aide aux populations locales et de mettre en place des réseaux d’information et d’influence. Calme, énergique et parfaitement organisé, Thierry s’impose d’emblée comme un élément incontournable du détachement. Référence parmi ses pairs, l’adjudant-chef Serrat est désigné pour exercer la fonction de président des sous-officiers du GIACM.

Entre 2008 et 2011, au titre de la force d’intervention des Nations Unies au Liban (FINUL) et de la force internationale d’assistance et de sécurité (FIAS), il effectue une OPEX au Liban et deux en Afghanistan en qualité de chef d’équipe civilo-militaire. Très à l’aise dans les relations avec les populations et les autorités de ces pays, Thierry recueille des informations d’ambiance utiles à la bonne perception de l’environnement par le commandement français tout en initiant et menant à bien des projets utiles à l’action des forces déployées. Une lettre de félicitations viendra d’ailleurs témoigner de la valeur de son engagement au Liban. De retour au GIACM, son efficacité  pérationnelle, la pertinence de son jugement, font de cet homme de terrain une référence dans le domaine des actions civilo-militaires. Il est de nouveau choisi en 2012 pour partir une troisième fois sur un théâtre d’opération particulièrement difficile qu’il connait déjà bien : l’Afghanistan.

Le 3 juin 2012, Thierry arrive dans la province de Kapisa pour rejoindre la section d’environnement opérationnel. À peine arrivé dans la base opérationnelle avancée de Nijrab, l’adjudant-chef Serrat fournit d’emblée un appui extrêmement efficace au commandement du GTIA « ACIER » mais aussi à celui du 6e mandat de la Task Force « LA FAYETTE » (TFLF 6). Le 9 juin, à 9 h 12, lors de l’opération « Falcon 11 », aux côtés des forces de sécurité afghanes et au service de la population de la localité de Nijrab, Thierry est mortellement blessé suite au déclenchement d’une charge explosive  qu’un insurgé portait sur lui. Lors de cette attaque, trois autres militaires français sont également tués et cinq autres blessés dans l’accomplissement de leur mission. Les deux interprètes afghans qui les accompagnaient sont également tués.

Le 14 juin 2012, dans la cour de l’Hôtel National des Invalides, un hommage solennel de la Nation est rendu par le président de la République, à ces quatre soldats tombés loin de la patrie pour la France. Pour son sacrifice au service de la France, l’adjudant-chef Serrat est cité à l’ordre de l’armée par Jean-Yves Le Drian et la Croix de la Valeur militaire avec palme de bronze lui est attribuée. Afin de récompenser le dévouement, l’exemplarité et l’excellence des services de ce sous-officier, le ministre de la Défense agrée également sa promotion, à titre exceptionnel, au grade de major. De même, le major Serrat est décoré de la Médaille militaire et nommé Chevalier de la Légion d’honneur. Enfin, sa mémoire est honorée par l’attribution de la mention « Mort pour la France ». Le 15 juin, le major Serrat est inhumé à La Roche-sur-Foron, en présence d’un millier de personnes : des proches, des amis, des élus et des anonymes.

Référence incontestée, le major Serrat aura servi les couleurs de la France pendant plus de 27 ans. Élèves sous-officiers de la 317e promotion de l’ENSOA, la mort au combat de votre parrain vous rappelle également que le théâtre afghan a coûté 90 vies et 725 blessés à la France. Enfin, en plus de l’exemple de son sacrifice suprême, de son sens de l’effort et de ses remarquables qualités humaines saluées et admirées par tous, la  arrière du major Serrat vous démontre l’importance de la polyvalence et de la faculté d’adaptation que doit atteindre chaque sous-officier. Futurs sergents et maréchaux des logis de la promotion major Thierry Serrat, soyez fiers et dignes de ce chef et protégez, à votre tour, tel que l’a fait ce héros, la France en métropole, en outre-mer et à  l’étranger.

Source: www.lechevron.fr

 

8. Cartes et bibliographie

Sites WEB

– OTAN : http://www.nato.int/cps/fr/natolive/index.htm

– ONU : http://www.un.org/fr/

– Ministère de la Défense : http://www.defense.gouv.fr/

– Ministère des Affaires étrangères : http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/

 

Cartes

 

 

Carte physique

 

Afghanistan. Les talibans au plus près du pouvoir