CONGO ( ex ZAÏRE et CONGO Brazzaville) opérations Léopard (ou Bonite) et Pélican

CONGO OPERATION LEOPARD ou BONITE

Les paras du 2e REP sautent sur Kolwezi en mai 1978, dans ce qui était alors le Zaïre. Ils sont accueillis comme des héros par les 3 000 civils de Kolwezi délivrés, en quelques heures, des rebelles katangais du FLNC (Front de libération national du Congo) qui faisaient régner la terreur dans la ville minière.

Le Shaba, alors appelé le Katanga, s’était déclaré indépendant peu après l’indépendance du Congo belge en 1960 sous le nom d’État du Katanga. Cet événement fut l’un des déclencheurs de la crise Congolaise jusqu’à sa réintégration, en 1963, au Congo, plus tard rebaptisé Zaïre. Le 11 mai 1978, une révolte soutenue par les pays de l’Est se dresse contre le dictateur Mobutu installé à 1300 kilomètres de là, à Kinshasa, dans le bas Congo. Un groupe d’environ 3 à 4 000 rebelles katangais bien armés, venus d’Angola, prend possession de la ville de Kolwezi où vivent environ 3 000 Européens. La ville est située au cœur de la région minière du Katanga, dans le sud-est du Zaïre. Peuplée d’environ 100 000 habitants en 1978, elle est très étendue (environ 40 km2), et divisée en quartiers nettement séparés par des collines. Elle est située sur des voies de communications importantes, sur la route et la voie de chemin de fer reliant Lubumbashi à Dilolo, et est dotée d’un aérodrome à 6 km du centre-ville.

À Kinshasa, le président Joseph-Désiré Mobutu appelle alors les États-Unis, la France et la Belgique à l’aide. Seule une aide occidentale pourrait sauver l’unité de son pays et son pouvoir personnel. À Kolwezi la situation se détériore, les « katangais » se livrant à des arrestations en masse et des exécutions sommaires. Les rues sont jonchées de cadavres. Ils commencent à s’en prendre aux expatriés européens dont la plupart travaillent pour la Gécamines qui extrait les richesses du sous-sol katangais. Les Blancs accusés de mercenariat se cachent. Face aux hésitations de la Belgique, la France décide d’intervenir seule pour faire cesser les massacres. Afin de protéger ses ressortissants, le système d’alerte « Guépard » est activé : à ce moment le 8e RPIMa est en alerte mais c’est le 2e REP (régiment étranger parachutiste, appartenant à la Légion étrangère, et sous le commandement du colonel Philippe Erulin) qui est désigné pour intervenir. Entassés dans des avions cargos français et zaïrois, 500 paras du 2ème REP sautent tout près du centre-ville. L’aéroport aurait été une bonne zone de saut mais il est trop éloigné. Dans les rues, les rebelles décrochent, abandonnant armes et matériel. Environ 250 rebelles sont tués, ainsi que cinq légionnaires, un para-commando belge et un para-commando marocain, vingt autres sont blessés. Les légionnaires ont également pris un millier d’armes légères, 4 canons, 15 mortiers et 21 lance-roquettes, et détruit 2 AML. Ces armes sont immergées dans un lac proche de Kolwezi.

Quelque 700 civils africains (beaucoup de fonctionnaires jugés trop proches du régime Mubutu mais aussi des commerçants) et 170 européens trouvèrent la mort lors de cette tentative de déstabilisation du régime du maréchal Mobutu, sans compter les pertes des parachutistes de l’armée zaïroise morts dans l’opération aéroportée avant l’arrivée de la légion. Finalement les paras belges arrivent à leur tour avec un appui logistique et un hôpital de campagne.

 

CONGO OPERATION PELICAN

L’Opération Pélican est une opération militaire française effectuée en 1997 au Congo Brazzaville pour rapatrier 6.000 étrangers, dont près de 1.500 Français piégés dans la capitale.

À l’approche des élections présidentielles, prévues en juillet et opposant le président sortant, M. Lissouba à son rival M. Sassou Nguesso, une flambée de violence dans Brazzaville éclate du 5 au 7 juin.

Le 5 juin matin, le quartier est de la ville Brazzaville devient le théâtre de violents affrontements entre les forces armées congolaises et les milices Cobra de l’ancien président Nguesso. Au cours de ces deux jours, les milices Cobra et les forces armées congolaises s’affrontent. La sécurité des ressortissants n’est plus assurée. Ces derniers, menacés par les soldats ou miliciens incontrôlés, restent terrés à domicile et sont souvent victimes de pillages, de vols ou de brutalités physiques.

Le 7 juin, en soirée, des appels angoissés de ressortissants menacés, voire violentés, relayés par le détachement des militaires français, conduisent le commandement à décider de procéder aux premières extractions afin de mettre les personnes à l’abri.

L’intervention est lancée le 8 juin 1997. En une semaine, 1.250 soldats français, dont les légionnaires du 2e REP, du 2/1er REC, du 2e REI, le commando de montfort, placés sous les ordres du général Landrin, exfiltrent des expatriés promis aux humiliations, aux violences ou à la mort.

Dans le centre-ville, pillé par les forces armées congolaises ou les milices Cobra, les légionnaires parachutistes vont sillonner les quartiers et franchir à de nombreuses reprises la ligne de confrontation pour extraire les ressortissants terrés à domicile et terrorisés et effectuer l’évacuation du personnel diplomatique des ambassades de la Russie et des États-Unis.

Au camp de l’ORSTOM, s’organise l’accueil, le contrôle et l’enregistrement de l’état civil, l’hébergement et l’alimentation de près de 3.000 ressortissants pendant cinq jours, avant de les acheminer vers l’aéroport. Le 15 au soir, lorsque l’opération est terminée, le régiment aura extrait plus de 2.500 ressortissants et en aura évacué plus de 3.600 sur l’aéroport. L’opération « Pélican » reçoit alors pour mission de soutenir, dans le domaine logistique, les organisations humanitaires dépêchées sur place.

Après le départ des derniers avions de ressortissants, le désengagement de la force « Pélican » débute le 16 juin. Le 19 juin matin, le général Landrin, commandant l’opération, quitte Brazzaville avec son état-major. Le colonel Puga prend le commandement de la phase finale de désengagement durant 36 h. Jusqu’au dernier jour, les légionnaires parachutistes patrouillant en ville et gardant l’ascendant sur les belligérants, tiennent les axes principaux et l’aéroport. Ils assurent ainsi la sécurité du poser des cargos tactiques. Des ressortissants français continuent d’être évacués par les vols qui ramènent les troupes sur Libreville.

Enfin, de nombreux matériels et équipements sont apportés aux 31 gendarmes envoyés de France, afin de leur permettre d’être autonomes dans leur mission de protection de l’ambassadeur. Le 20 juin à 16 h, les deux derniers avions de transport tactique décollent avec les commandos des opérations spéciales (COS).

Concept de Françafrique

A partir du tournant des années soixante, un système a été mis en place pour faire perdurer l’influence de la France sur ses anciennes colonies. Ce système est constitué par des réseaux entretenant des relations privilégiées entre la France et ses anciens territoires d’Afrique. Il s’accompagne d’un processus de sélection des dirigeants africains et d’interventions militaires, d’éliminations supposées d’opposants, de fraudes électorales, etc., que ces actions soient avérées ou pas.

C’est la suite de la colonisation sous d’autres modes. Pour les autorités françaises, la recherche de stabilité politique dans ses anciennes colonies, en ayant pour objectif de défendre les intérêts de la France sur le plan stratégique (bases militaires, etc…) et économique (accès aux ressources naturelles et stratégiques : pétrole, uranium, etc.) pouvait passer par un appui aux régimes (démocratiques ou pas).

Le concept de Françafrique prêté à la France pour son attitude néocolonialiste envers ses anciennes colonies devenues indépendantes et de soutiens apportés à des dictateurs, au moyen d’interventions militaires peut s’entendre en partie pour l’opération sur Kolwezi. En effet, au-delà des exactions commises sur les civils européens, les rebelles katangais menaçaient l’intégrité du Zaïre par la sécession d’une partie riche du pays et affaiblissaient le régime de Mobutu. De plus, certains observateurs ont fait part de la lutte d’influence entre les français et les belges sur cette partie de l’Afrique. Ces considérations ont pu motiver en partie la rapidité de l’opération française