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L’intervention armée américano-britannique « Liberté pour l’Irak » lancée le 20 mars 2003 contre l’Irak a provoqué la chute du régime de Saddam Hussein après une vingtaine de jours de combats.
L’Irak figurait sur l’« axe du Mal » fustigé par le président George W. Bush à la suite des attentats du 11 septembre 2001, dans le cadre de sa campagne contre le terrorisme international et les pays qui le soutiennent. Durant l’été de 2002, alors que Washington menaçait Bagdad d’une intervention préventive, l’Irak avait accepté la reprise de la mission de désarmement instituée par les Nations unies après la guerre du Golfe de 1990-1991. En novembre, la résolution 1441 de l’O.N.U. accordait à l’Irak une « dernière chance » de renoncer aux armes de destruction massive qu’il était censé posséder, sans toutefois prévoir de sanction automatique en cas de non-exécution. La France avait menacé d’opposer son veto au vote d’une seconde résolution qui aurait autorisé une intervention armée, jugeant celle-ci injustifiée.
Les États-Unis décident cependant d’intervenir sans mandat explicite de l’O.N.U. Ils réunissent autour d’eux une coalition de quarante-neuf États, mais les principales forces armées sont américaines et britanniques. Bagdad est rapidement occupée, et les forces de la coalition américano-britannique prennent en charge la gestion du pays, sous la forme d’une Autorité provisoire de la coalition, dirigée par le diplomate américain Paul Bremer. Saddam Hussein, qui avait pris la fuite en avril 2003 lors de la chute de Bagdad, est arrêté en décembre. Considérées comme des forces d’occupation, les troupes engagées doivent faire face aux divers mouvements de résistance qui s’organisent sur le territoire irakien et aux nombreuses critiques à travers le monde. Aux affrontements armés s’ajoute le délitement de la société irakienne. Le pays sombre dans la guerre civile.
À partir de janvier 2007, le Congrès des États-Unis ne soutient plus George W. Bush. De plus, la poursuite de la guerre est devenue très impopulaire dans l’opinion publique (à cette date, le conflit a tué plus de trois mille soldats américains). L’élection de Barack Obama à la présidence des États-Unis, en 2008, change la donne. Il propose un calendrier pour le retrait progressif des troupes : les derniers soldats américains quittent le pays en décembre 2011.
La seconde guerre confessionnelle irakienne ou seconde guerre civile irakienne est une phase de la guerre d’Irak qui a commencé le 30 décembre 2013. Elle fait suite à la première guerre confessionnelle irakienne, qui s’est déroulée de 2006 à 2009.
Après le retrait en décembre 2011 de la coalition militaire, l’Irak connaît un nouveau regain de tensions confessionnelles ; en 2013, des manifestations éclatent dans les provinces sunnites pour dénoncer la politique sectaire du Premier ministre chiite Nouri al-Maliki. À partir de décembre 2013, les djihadistes de l’État islamique(EI) et quelques groupes insurgés sunnites s’emparent d’une partie de l’ouest de l’Irak en profitant de la désorganisation de l’armée. Entre juin et août 2014, l’EI étend son territoire sur une grande partie de l’Irak lors d’une offensive foudroyante ; il s’empare de Mossoul et proclame un califat. Ses victoires et ses exactions provoquent en août 2014 la formation d’une nouvelle coalition internationale menée par les États-Unis qui fournit un appui aérien, des armes et de l’entraînement aux forces armées irakiennes et aux peshmergas du gouvernement régional du Kurdistan (GRK). Les combats sont indécis entre l’été 2014 et le printemps 2015, mais à partir de la fin de l’année 2015 les forces irakiennes soutenues par la coalition commencent à reprendre les principales villes conquises par l’État islamique : Tikrit en mars 2015, Baïji en octobre 2015, Sinjar en novembre 2015, Ramadi en février 2016, Falloujah en juin 2016 et Mossoul en juillet 2017. Fin 2017, Tall Afar, Hawija et al-Qaïm sont reprises à leur tour. Le 17 novembre 2017, l’État islamique perd Rawa, sa dernière ville en Irak. Le 9 décembre 2017, après une ultime offensive dans le désert, le Premier ministre irakien Haider al-Abadi annonce la « fin de la guerre » contre l’État islamique. Comme en 2009, au terme de la première guerre civile irakienne, l’État islamique est chassé des centres urbains ; il repasse alors à la guérilla et au terrorisme.
Depuis le 19 septembre 2014, à la demande du gouvernement irakien et sur ordre du Président de la République, la France s’est engagée, aux côtés de la coalition, dans la lutte contre Daech en lançant l’opération Chammal – nom de la participation française à l’opération interalliée Inherent Resolve (OIR).
Devant l’expansion du groupe terroriste Daech qui proclame la constitution d’un califat sur les territoires d’Irak et de Syrie depuis le 29 juin 2014, la communauté internationale a décidé de lancer l’opération Inherent Resolve (OIR). Elle répond à la demande du Gouvernement irakien et inscrit son action dans le cadre de la résolution 2170 du Conseil de sécurité des Nations Unies en date du 15 août 2014.
Placée sous l’égide des États-Unis, une soixantaine de pays met en place une coalition destinée à :
Lancée le 19 septembre 2014, l’opération Chammal est le nom donné au volet français de l’opération interalliée Inherent Resolve (OIR) rassemblant plus de 60 Nations. A la demande du gouvernement irakien et en coordination avec les alliés de la France présents dans la région, elle vise à apporter un soutien militaire aux forces locales engagées dans le combat contre Daech sur leur territoire.
Le 08 septembre 2015, sur décision du Président de la République et face à la menace terroriste pesant sur la France, la zone d’intervention de l’opération Chammal est étendue à la Syrie afin de pouvoir frapper également les centres depuis lesquels Daech planifie et organise ses attaques.
Le 20 novembre 2015, à la suite des attentats perpétrés à Paris, l’adoption par les Nations Unies de la résolution 2249 marque la détermination de la communauté internationale à combattre par tous les moyens la menace terroriste, qu’il s’agisse de Daech ou des groupes armés associés à Al-Qaïda.
LES DEUX PILIERS DE L’OPERATION CHAMMAL
L’opération Chammal repose sur deux piliers complémentaires : un pilier « appui » destiné à soutenir les troupes engagées au sol contre Daech et à frapper les capacités militaires de l’organisation terroriste, y compris en profondeur, ainsi qu’un pilier « formation» au profit des forces de sécurité nationales irakiennes.
APPUI DIRECT
Déployant sans interruption des avions au Levant depuis près de trois ans, l’armée de l’air met en œuvre 14 Rafale sur les bases aériennes situées en Jordanie (8 Rafale) et aux Émirats Arabes Unis (6 Rafale). En 2017, elle reçoit périodiquement l’appui de 4 Rafale Marine, déployés en Jordanie à la place de 4 Rafale Air. Ces chasseurs contribuent directement à l’appui des troupes au sol et conduisent également des missions de renseignement, de reconnaissance armée et de frappes planifiées.
Dotés de nacelle de reconnaissance nouvelle génération et de munitions guidées laser ou GPS, les Rafale réalisent le plus souvent des missions d’appui feu et de reconnaissance. Emportant également des missiles de croisière SCALP, ils frappent régulièrement les capacités de Daech en détruisant par exemple les complexes de fabrication d’engins explosifs ou les centres de trafics illicites, sources de financement pour l’organisation terroriste.
Le succès des missions offensives des avions de chasse repose également sur l’action complémentaire d’aéronefs à « forte valeur ajoutée » – qui conduisent les missions indispensables de renseignement, de ravitaillement et de commandement aéroporté (Awacs E-3F, Atlantique 2, ravitailleurs C-135 FR) – mais aussi sur l’utilisation des moyens satellitaires et des différents réseaux de communication nationaux déployés. En particulier, une frégate est déployée en permanence en Méditerranée orientale, participant ainsi à l’appréciation autonome de situation sur le flanc Ouest du théâtre.
Le contrôle national sur l’emploi des moyens aériens est exercé par des experts de la composante aérienne française insérés au sein d’un Centre de commandement interallié pour les opérations aériennes (CAOC) situé au Qatar.
Depuis le début de l’opération Chammal, plus de 6 500 sorties aériennes ont été effectuées. Plus de 1300 frappes ont été réalisées et ont permis de détruire plus de 2 000 objectifs en Irak ou en Syrie.
L’ENGAGEMENT DU GROUPE AÉRONAVAL
En 2016, le groupe aéronaval (GAN) a été déployé dans le cadre de l’opération Chammal pour la troisième fois en trois ans, afin d’intensifier les efforts de la France au sein de la coalition dans son combat contre Daech. Les 24 chasseurs du porte-avions sont venus renforcer les avions déjà déployés au Levant pour prendre part aux opérations de la coalition depuis la Méditerranée Orientale. Composé de près de 2 800 marins français, le GAN était constitué du porte-avions Charles De Gaulle et de son groupe aérien embarqué, accompagné de trois à cinq bâtiments d’escorte, d’un bâtiment de commandement et de ravitaillement et d’un sous-marin.
LA TASK FORCE WAGRAM
Depuis septembre 2016, un groupement tactique d’artillerie déployé en Irak complète les moyens du pilier « appui ». La Task Force Wagram, forte de 150 militaires armant quatre canons Caesar, soutient l’action des troupes irakiennes engagées au sol dans les combats contre Daech.
Déployés au lancement de l’offensive sur Mossoul sur la base opérationnelle avancée de Qayarrah-West, les artilleurs, actuellement au Nord de Mossoul, se déplacent en fonction de l’avancée des troupes irakiennes.
Avec une portée de près de 40 km, les canons Caesar possèdent des caractéristiques qui permettent de fournir une permanence des appuis sur court préavis et d’obtenir des effets diversifiés au profit d’une manœuvre d’ensemble (tirs de destruction, de barrage ou d’interdiction pour empêcher ou gêner la progression ennemie, éclairement ou création de rideaux fumigène temporaires au profit des troupes amies).
A l’instar de la composante aérienne, le contrôle national de la force est exercé par des experts français insérés au centre de commandement de la composante terrestre à Bagdad.
En mai 2017 après huit mois d’engagement, les artilleurs français ont réalisé plus de 1 200 missions de tir au profit des forces irakiennes.
LE PILIER FORMATION EN SOUTIEN DE L’ARMÉE IRAKIENNE
Depuis 2015, une centaine de militaires français est déployée à Bagdad au sein des Task Force (TF) Narvik et Monsabert afin de mener des actions de formation et participer au même objectif : améliorer les capacités de commandement et les savoir-faire tactiques des troupes irakiennes.
Les soldats français adaptent en permanence les formations dispensées et les moyens mis en place aux besoins opérationnels exprimés par les unités irakiennes afin de dispenser des savoir-faire adaptés contre les modes d’actions et les combattants de Daech.
Pendant ces deux années de présence et de soutien, les TF Narvik et Monsabert ont participé à la création d’infrastructures dédiées à la formation et adaptées aux évolutions du combat en Irak : salle d’instruction à la lutte EEI (Engins Explosifs Improvisés), salle « piégée » pour mise en situation en milieu urbain ou encore espace d’entraînement pédagogique…
TASK FORCE NARVIK
La TF Narvik prend part à la formation des commandos irakiens de l’Iraki Counter Terrorism Service (ICTS) dont l’académie est basée à Bagdad.
Les soldats de l’ICTS sont en première ligne dans le combat contre Daech. L’ICTS s’est d’ailleurs illustré lors de nombreuses missions d’envergure menées contre le groupe terroriste (reprise des villes de Ramadi, Hit, Falloujah et actuellement Mossoul) et fait preuve d’un engagement et d’une efficacité sans relâche, salués par les forces de la coalition.
Depuis 2015, la trentaine d’instructeurs de la TF Narvik forme, pour chaque mandat de quatre mois, de 300 à 1300 soldats, en fonction du niveau d’expertise à obtenir : de la formation de jeunes recrues jusqu’au perfectionnement de soldats expérimentés.
TASK FORCE MONSABERT
La mission de la TF Monsabert consiste à améliorer les capacités de commandement des forces irakiennes. Les équipes d’instructeurs français forment et conseillent l’état-major de la 6e division d’infanterie irakienne, dont la mission prioritaire est d’assurer la protection de Bagdad.
La formation dispensée vise à améliorer les compétences existantes. Des conseils et des stages sont dispensés dans les domaines des opérations, du renseignement, de la logistique, des transmissions, de la santé et du combat d’infanterie. Ils visent également à former des instructeurs irakiens qui pourront à leur tour diffuser ces savoir-faire au sein des bataillons de la division.
La TF Monsabert forme de 100 à 300 instructeurs par mandat de quatre mois en fonction des compétences à acquérir et entraîne au quotidien une vingtaine de cadres de la division.
CHAMMAL : MOSSOUL LIBÉRÉE
Mossoul est le symbole d’une stratégie réussie, menée par des forces irakiennes formées et appuyées par une Coalition de plus de 60 Nations, au sein de laquelle la France a joué un rôle de premier plan.
Pendant deux années, les forces irakiennes ont été formées et entraînées par celles de la Coalition. Les militaires français ont ainsi participé à la montée en puissance de la force anti-terroriste ICTS.
En parallèle, les forces irakiennes ont remonté les vallées du Tigre et de l’Euphrate, libérant les villes en chemin, avec l’appui de l’aviation et du renseignement fournis par la Coalition.
Après la libération des villes de Ramadi, Falloujah et Hit sur l’Euphrate à l’Ouest de Bagdad à l’été 2016, les efforts alliés ont pu alors être portés en priorité vers Mossoul, dans la prolongation d’une stratégie qui s’articulait autour de deux phases :
– Phase 1 : affaiblir Daech et contre-attaquer en reprenant les villes entre Bagdad et Mossoul (Sharqat et Qayyarah). Cet effet a été obtenu par des frappes aériennes avec des objectifs bien définis comme les moyens de financement illicite de Daech, les sites de fabrication d’engins explosifs, les lignes de soutien et de communication, les défenses passives et autres centres de commandement.
300 frappes aériennes françaises ont accompagné cette première phase qui a débuté plus d’une année avant le déclenchement de l’offensive terrestre vers Mossoul. Elle s’est achevée avec l’encerclement de la ville par les forces de sécurité irakiennes.
– Phase 2 : cette offensive terrestre des forces irakiennes a débuté le 17 octobre 2016.Elle consistait à libérer la ville de Mossoul en progressant village après village, quartier après quartier, dans une manœuvre d’encerclement d’Est vers l’Ouest.
En neuf mois, 300 frappes supplémentaires ont été délivrées par les 14 Rafale de l’armée de l’air, renforcés de septembre à décembre 2016 par les 24 Rafale de la Marine, et l’engagement permanent des 04 Canons CAESAR qui ont réalisé plus de 1200 missions d’appui artillerie dans la région depuis octobre 2016.
Le 09 juillet 2017, le Président de la République salue la libération de Mossoul par les forces de sécurité irakiennes et inscrit l’action des forces armées françaises dans une vision plus large, comme le communiqué publié à l’issue nous l’indique :
« La campagne de la Coalition internationale n’est pas achevée et la lutte contre Daech doit être poursuivie avec détermination. La libération de tout le territoire irakien est en cours, tout comme l’anéantissement des bastions de Daech en Syrie, en particulier à Raqqa et dans la vallée de l’Euphrate.
La France maintiendra son effort militaire. La lutte contre les terroristes se poursuivra également avec la plus grande détermination partout où ils se manifestent, y compris sur le territoire national.
Au lendemain de la reprise de Mossoul, les défis pour l’Irak sont immenses. Au plan militaire comme aux plans politique, humanitaire ou économique. Nombre de questions doivent encore faire l’objet, de la part des décideurs politiques comme de la société irakienne, de choix responsables.
De la justesse de ces choix dépendront l’avenir de l’Irak comme celui de la région, et la poursuite du combat contre la menace terroriste. »
Dans le cadre du conflit armé, les forces irakiennes et kurdes, les milices paramilitaires, les forces de la coalition et le groupe armé État islamique (EI) ont commis des violations du droit international humanitaire, des crimes de guerre et des atteintes flagrantes aux droits humains. Les combattants de l’EI ont déplacé de force des milliers de civils vers des zones d’hostilités, les utilisant massivement comme boucliers humains ; ils ont tué délibérément des civils qui fuyaient les combats, ont recruté des enfants soldats et les ont envoyés sur le terrain. Les forces irakiennes et kurdes ainsi que les milices paramilitaires ont exécuté de manière extrajudiciaire des combattants qu’elles avaient capturés et des civils qui fuyaient le conflit ; elles ont détruit des habitations et d’autres biens de caractère civil. Les forces et les autorités gouvernementales irakiennes et kurdes ont arrêté arbitrairement, soumis à des disparitions forcées et torturé des civils soupçonnés d’appartenance à l’EI. Les tribunaux ont jugé des membres présumés de l’EI et d’autres personnes soupçonnées d’infractions liées au terrorisme dans le cadre de procès inéquitables et ont prononcé des condamnations à mort sur la base d’« aveux » arrachés sous la torture. Les exécutions se sont poursuivies à un rythme alarmant.
Situation sécuritaire et humanitaire
La perte de la capitale autoproclamée de Daech, Mossoul, le 9 juillet 2017, a porté un coup stratégique et symbolique fort à l’organisation terroriste. Ainsi, en Irak, la coalition internationale contre Daech et les forces irakiennes ont contribué à l’éradication territoriale presque complète du groupe terroriste. Les forces de sécurité irakiennes procèdent désormais aux dernières opérations de sécurisation dans le désert à l’ouest de la province de l’Anbar, où de nombreux combattants de Daech se sont repliés.
La situation humanitaire en Irak demeure alarmante : environ 2,9 millions de personnes sont toujours déplacées à l’intérieur du pays selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Ces populations sont réparties sur l’ensemble du pays avec une forte concentration dans la plaine de Ninive et le Kurdistan irakien, renforcée par la bataille de Mossoul et de Tal Afar. 832 272 personnes sont toujours déplacées de Mossoul, dont 657.500 reçoivent une aide du Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Les Nations Unies ont lancé pour 2017 un appel pour le financement des activités humanitaires en Irak d’un montant de 985 millions de dollars. Cet appel a été financé à ce jour hauteur de 51%, ce qui reste largement insuffisant et a conduit au gel de plus de la moitié des 334 projets considérés comme prioritaires. L’ONU alerte ainsi sur l’urgence d’une hausse des financements pour permettre aux acteurs humanitaires de continuer à répondre aux besoins.
Situation économique
Avec 37 millions d’habitants, l’Irak est l’un des plus grands marchés de la région. L’économie est dominée par le secteur des hydrocarbures, principal moteur de l’économie irakienne (83 % des ressources budgétaires et 51 % du PIB). L’Irak dispose des quatrièmes réserves de pétrole avérées au monde, autour de 150 milliards de barils, et pourrait produire entre 6 et 9 millions b/j en 2020 selon les prévisions de l’Agence internationale de l’énergie.
La croissance s’est établie à 2,4% en 2015, principalement en raison d’une production et d’exportations de pétrole plus faibles que prévues. Le budget 2017, qui s’élève à 85 milliards de dollars, a été approuvé début décembre avec un déficit prévu de 26,6 milliards de dollars, du fait du coût des opérations militaires et de la baisse des cours du pétrole.
Les réformes entrent progressivement en vigueur mais la corruption reste un problème majeur. Un accent particulier est mis sur la modernisation de la gestion financière de l’Etat avec le soutien de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international dont les axes d’effort sont notamment la restructuration des bilans des banques publiques, la mise en cohérence des comptes de l’Etat, la réforme des entreprises publiques et l’émergence d’un secteur privé.
Le coût de la reconstruction est estimé à plus de 600 milliards de dollars. Les principales infrastructures ont été détruites. Après trente ans de guerre et d’embargo, suivis des destructions liées à la présence de Daech, les besoins sont immenses dans les secteurs de l’énergie, de l’électricité, de l’eau, des transports, des communications ou de la santé. Une conférence internationale sur la reconstruction de l’Irak se tiendra au Koweït .
Politique étrangère
La politique étrangère de l’Irak est marquée par le souci du pays de réintégrer son environnement régional et de recouvrer sa stature internationale. La volonté de Bagdad d’entretenir des relations apaisées avec l’ensemble des pays de la région est toutefois entravée par les difficultés internes et l’influence à géométrie variable des acteurs régionaux dans le pays. L’Irak est aussi un enjeu du fait de son positionnement géographique et de son potentiel économique.
Les relations avec les pays du Golfe connaissent une forme de normalisation. L’Irak et l’Arabie saoudite sont sur la voie d’un rapprochement. Riyad, qui s’était félicitée de la nomination du Premier ministre Abadi, souhaite une rupture franche avec la politique jugée sectaire de Nouri al-Maliki à l’encontre de la population sunnite. En décembre 2015, le Royaume a rouvert son ambassade à Bagdad. La visite du ministre saoudien des affaires étrangères, Adel al-Jubeir, à Bagdad le 25 février, la rencontre entre le Premier ministre Abadi et le Roi Salman le 29 mars en marge du sommet de la Ligue arabe en Jordanie ainsi que la visite de Haïder al-Abadi à Riyad fin juin témoignent des efforts consentis en vue de la normalisation des relations entre les deux pays. Un nouvel ambassadeur saoudien a été nommé à Bagdad en octobre.
Les États-Unis sont à nouveau fortement mobilisés en Irak. Depuis le retrait définitif des forces américaines, la volonté de désengagement des États-Unis, qui souhaitaient tourner la page de l’occupation, s’était traduite par un rôle moins important de conseil au gouvernement irakien et de médiation dans la vie politique. La résurgence de la menace terroriste a toutefois conduit Washington à renforcer son appui aux nouvelles autorités de Bagdad, à intensifier ses livraisons de matériels militaires et à renforcer la présence de conseillers. Les Etats-Unis ont réaffirmé leur soutien aux autorités fédérales irakiennes dans le cadre du référendum d’autodétermination kurde du 25 septembre.